Parenthèse irréelle, ce mardi à la mi-journée, dans le grand patio du complexe immobilier de la CGT à Montreuil. A midi et demi, son secrétaire général, Thierry Lepaon, a réuni les salariés de la centrale dans le grand patio pour... leur présenter ses vœux pour 2015. Les affaires financières dans lesquelles il est impliqué ont provoqué une grave crise, ne lui laissent plus le choix qu’entre la démission et la révocation, après l’intervention de l’ancien numéro un Louis Viannet qui lui a demandé lundi de « remettre son mandat » au Comité confédéral national (parlement) de la CGT le 13 janvier. Mais si Thierry Lepaon a évoqué la « crise » que traverse la CGT, c’est pour encore une fois affirmer que le syndicat « a besoin d’être sur le pont » et que « si on lui veut du mal, c’est parce qu’elle gêne », selon des participants. Juste avant, ce mardi matin, face à la commission exécutive réunie pour deux jours sur les affaires, Thierry Lepaon n’avait pas desserré les dents.
Pas de démission collective
La réunion de la CE s’est poursuivie l’après-midi dans un climat « très tendu » selon un participant. Il semblerait que Thierry Lepaon ait encore réussi à éviter l’affront d’une démission personnelle. Mais la situation apparaît encore floue. Il semble acquis qu’il n’a pas réussi à obtenir une démission collective du bureau confédéral. Son scénario consistant à faire table rase pour construire une nouvelle équipe à sa main est donc mort-né. Mais pour le contraindre à partir, il aurait été décidé que chacun des neuf membres du bureau confédéral, dont lui, va « remettre son mandat » à la disposition du Comité confédéral national. Cela signifierait que le parlement de la centrale décidera de renouveler ou pas sa confiance à chacun.
Le leader syndical prend donc le risque d’un camouflet le 13 janvier. D’autant que de nouvelles informations sur les affaires financières qui le concernent se sont succédées ce mardi l’ont encore un peu plus décrédibilisé.
Stratégie de défense mise à mal
Après les révélations sur sa retraite et son salaire , Thierry Lepaon espérait que ce qui constitue la direction élargie de la CGT (56 membres) lave son honneur, il n’a pu qu’être déçu et, même s’il se refuse toujours à l’admettre, cela scelle son sort. Au programme figurait le bilan des travaux de la Commission financière de contrôle de la confédération, chargée de faire la lumière sur les coûteux travaux réalisés dans son logement de fonction et son bureau ainsi que les 100.000 euros dépensés par la CGT pour son transfert du comité régional de Normandie à la direction de la confédération (dont 26.650 euros de prime de départ faussement justifiés par un préjudice de retraite). Cette commission financière avait jusque-là surtout été soucieuse de ménager Thierry Lepaon. Mais aiguillonnée par quelques-uns de ses membres et sous la pression de l’exaspération militante, elle a vraiment commencé à enquêter.
Le compte rendu de ses travaux de ce mardi met à mal la stratégie de défense de Thierry Lepaon qui a toujours affirmé qu’il n’avait pas participé aux décisions concernant les différents travaux financés par la CGT, invoquant une responsabilité « collective » dont il s’excluait. Or, selon un participant à la réunion, parmi les révélations de la commission, il y a le témoignage de la société qui a réalisé les travaux, selon lequel c’est la compagne du secrétaire général qui « donnait les ordres », ce que conteste ce dernier.
Leïla de Comarmond
Source lesechos.fr