Le secrétaire général de la CGT Thierry Lepaon à Bordeeaux, le 9 octobre 2014
Les jours de Thierry Lepaon à la tête de la CGT semblent comptés: en pleine tourmente, liée notamment à des indemnités perçues, sa démission est réclamée par une partie de la direction à la veille d'une réunion cruciale de l'exécutif de la centrale vendredi.
La démission du secrétaire général de la CGT, un an et demi après son élection en mars 2013, serait un «coup de tonnerre», et du jamais vu dans ce syndicat, depuis le début du vingtième siècle, selon des experts.
Déjà sur la sellette pour des faux-pas - travaux onéreux réalisés dans son appartement de fonction et dans son bureau - les révélations par l'Express sur les indemnités reçues par M. Lepaon du comité régional CGT de Normandie qu'il dirigeait avant de prendre la tête de la centrale, ont suscité une indignation à tous les étages de la CGT, de la direction aux militants.
«Là c'est très grave. On touche aux valeurs de la CGT, c'est inexplicable, incompréhensible, toute l'organisation demande une réponse forte», a indiqué jeudi un cadre dirigeant.
Selon lui, Thierry Lepaon «a pris la mesure» de l'événement et désormais «tout est envisageable». La crise intervient au plus mauvais moment pour le syndicat qui défend jeudi sa première place chez les fonctionnaires lors des élections professionnelles.
Le numéro un pourrait être amené à annoncer sa démission lors du bureau confédéral (exécutif de dix membres) vendredi matin ou devant la Commission exécutive (exécutif élargi) mardi prochain. Son sort pourrait être scellé lors d'un Comité confédéral national extraordinaire (CCN, «parlement») qui a le pouvoir décisionnel.
Selon Libération jeudi, «il a quasiment tout le bureau contre lui, même ceux qui le soutenaient jusqu'ici l'ont lâché».
«La réunion de vendredi s'annonce tendue, le bureau est assez unanime» pour lui demander des comptes, confirme une source interne alors que, selon la presse, le montant des indemnités perçues serait de l'ordre de 100.000 euros.
A l'issue du précédent bureau mardi, une note de la permanence confédérale avait promis «la transparence complète» sur l'affaire et précisé que la prochaine Commission exécutive prendra «toutes les dispositions nécessaires».
Pour Serge Plechot, secrétaire général de la Fédération de la construction, le constat en interne est qu'«une faute sur nos valeurs» a été commise. «Elle doit être corrigée et il y a des décisions à prendre, elles doivent l'être le plus rapidement possible», a-t-il affirmé.
«Il y a un véritable trouble dans l’esprit des militants et des dirigeants, il y a des choses qui ne passent pas», renchérit une dirigeante CGT qui fait «confiance au débat collectif» de la commission exécutive «pour prendre les meilleures décisions».
- «Revenir aux sources sans les apparatchiks» -
Le départ du numéro un ouvrirait une nouvelle période d'incertitudes à la CGT qui souffre encore des séquelles de la crise de succession de Bernard Thibault en 2012.
«On trouvera une solution», indique un cadre dirigeant alors que des noms circulent déjà dont celui de Phillipe Martinez, numéro un de la fédération de la métallurgie, évoqué par Libération.
Selon les statuts, la Commission exécutive peut convoquer rapidement le CCN (parlement) qui a le pouvoir de destitution. Un congrès extraordinaire doit être alors réuni.
Une révocation du numéro un serait une première depuis 1909, lorsque «Victor Griffuelhes, secrétaire général depuis 1901, a été contraint à la démission», rappelle Dominique Andolfatto, professeur à l'université de Bourgogne.
Mais «ce n'est pas la première fois que la CGT éprouve des difficultés pour trouver son chef», ajoute ce chercheur qui rappelle la succession «dans des conditions peu claires» de Georges Séguy par Henri Krasucki en 1982.
L'affaire a déclenché des suspicions: «les problèmes de fond ne seront pas résolus par le simple départ de Thierry Lepaon» car «quand quelqu'un a ce type d'avantages, c'est qu'il n'est pas le seul», estime un cadre CGT. Il relève que si le secrétaire général a touché un chèque, «quelqu'un l'a signé», en l’occurrence le comité régional de Normandie.
«C'est tout le syndicalisme qui est à revoir, il faut revenir réellement aux sources, sans les apparatchiks», renchérit la déléguée CGT d'une entreprise de distribution.
Source 20minutes.fr
Chemise blanche, costume noir, Thierry Lepaon, 54 ans, fils de maçon et de cuisinière de lycée, s'est fait connaître comme "le" syndicaliste de Moulinex. Après son embauche comme serrurier en 1983 à l'usine de Cormelles-le-Royal, près de Caen, il s'est rapidement imposé comme leader de la CGT au sein du groupe de petit électroménager français (5 000 salariés, 13 usines en Basse-Normandie).
La montée en puissance de la CGT, qui passe de 15 % à 40 % des voix aux élections professionnelles à Cormelles, se réalise avec la bénédiction de la direction générale de l'entreprise, soucieuse de mettre fin au monopole de la CFDT dans les usines Moulinex. Fin 1979, une grève de quinze jours avait paralysé la production. Alors chef du personnel de Moulinex, l'ancien militaire Alfred Sirven, que l'on retrouvera plus tard chez Elf, avait fait intervenir un commando musclé pour évacuer l'usine.
Et le recrutement, le 3 janvier 1983, de Thierry Lepaon, qui a bénéficié d'une rare et petite prime d'embauche (600 francs pour un salaire de 5 477,16 francs), serait l'un des derniers "coups" d'Alfred Sirven chez Moulinex. D'autant que le nouvel embauché voit son ancienneté prise en compte au 3 octobre 1982. Affichant un an de présence dans l'entreprise, il peut se présenter dès novembre 1983 aux élections professionnelles. Cette bienveillance patronale s'est prolongée : à l'usine de Cormelles, on se souvient des whiskies amicaux entre Thierry Lepaon et Pierre Blayau, P-DG de Moulinex de 1996 à 2000, dans les locaux de la CGT, et même du cadeau offert par le patron lors de la naissance de la fille du syndicaliste.
Quels rapports le cégétiste entretient-il avec sa base ? Lors de la négociation annuelle sur les salaires, il évoque "ses boeufs qui ne sont pas d'accord avec la direction". Pour autant, il s'impose parmi le personnel. "Des syndiqués de base se pressaient pour garer sa voiture lorsqu'il arrivait", assure une ouvrière.
L'automobile constitue d'ailleurs un signe de pouvoir : devenu délégué central CGT, Thierry Lepaon se rend aux réunions parisiennes dans sa voiture alors conduite par un militant volontaire. Le syndicaliste, également adhérent du parti communiste, s'est rendu aux obsèques de Georges Marchais, ancien secrétaire général du PCF, en novembre 1997 en région parisienne, dans une voiture de location avec chauffeur. Des élus du comité d'entreprise de l'usine de Cormelles-le-Royal, qui avec prudence souhaitent conserver l'anonymat, assurent que ce même comité d'entreprise aurait réglé la location de la limousine.
"Thierry Lepaon a toujours rêvé d'être cadre sup. Il s'est trompé de syndicat : il était plus fait pour la CGC que la CGT", témoigne un ancien militant de Caen. Présidente d'une association d'anciens de Moulinex, Maguy Lalizel ajoute en 2012 au micro de France 3 Basse Normandie : "Thierry Lepaon, c'est comment je me fais voir, comment me placer. Avec une seule préoccupation : où sont mes propres intérêts ? Loin de l'intérêt collectif."
Source lepoint.fr
Paris, 2 déc 2014 (AFP) - La Cour d'appel administrative a validé l'arrêté fixant la représentativité nationale des organisations syndicales, rejetant la requête en annulation de Force ouvrière.
La Cour a examiné et validé le 24 novembre l'arrêté du 30 mai 2013 qui fixe la liste des organisations syndicales reconnues représentatives au niveau national.
Pour FO, qui avait demandé l'annulation de cet arrêté, "la Cour d'appel administrative a validé des erreurs" et le syndicat "examine la possibilité d'exercer un recours".
Les griefs de Force ouvrière portaient sur l'exhaustivité et la fiabilité des données qui ont servi de base au calcul.
La Cour a estimé que "les erreurs reconnues ne changeraient pas les résultats finaux en termes de représentativité, méconnaissant ainsi notamment l'impact des mesures pour les poids relatifs dans les négociations", a argué FO.
De son côté, la CFDT a estimé que la décision de la Cour est "une victoire contentieuse et syndicale pour la CFDT" qui "défend cette réforme de la représentativité".
Selon la décision de la Cour, FO, partie perdante, devra verser 2.500 euros à la CFDT, qui avait demandé à percevoir des indemnités aux dépens.
L'arrêté du 30 mai stipule que cinq organisations syndicales, ayant obtenu plus de 8% des voix aux élections professionnelles, sont représentatives et peuvent participer jusqu'en 2017, aux négociations avec le patronat au niveau national.
Parmi elles, FO arrive en troisième position, derrière la CGT et la CFDT et devant la CFTC et la CFE-CGC.
Source lerevenu.com
Thierry Lepaon s'entête à feindre l'indifférence face aux révélations qui le fragilisent. Une posture de plus en plus difficile à tenir alors que la CGT vacille.
Un salarié qui touche des indemnités lors de son départ, c'est assez banal. Ça l'est moins quand il s'agit du secrétaire général de la CGT. En 2013, quelques semaines avant de succéder à Bernard Thibault à la tête de la Confédération, Thierry Lepaon signe une rupture conventionnelle avec la région CGT de Basse-Normandie, qu'il dirige alors. Il n'y voit rien d'anormal, pas plus hier qu'aujourd'hui. Interrogé par L'Express, il répond qu'il "changeait d'employeur" et qu'il n'a "pas touché grandchose" puisqu'il n'avait que "cinq ou six ans d'ancienneté". D'ailleurs, il a fait ça chaque fois qu'il a rejoint une nouvelle boutique. Comme s'il ne passait pas d'une maison étiquetée CGT à une autre estampillée CGT. Comme si son organisation n'était pas l'une des plus critiques à l'encontre d'un dispositif jugé trop favorable aux entreprises. Comme s'il n'était pas secrétaire général de la CGT...
Combien de temps, encore, Thierry Lepaon pourra-t-il feindre l'indifférence alors que les révélations se succèdent ? Fin octobre, Le Canard enchaîné rapporte que plus de 100 000 euros de travaux ont été réalisés dans un appartement loué à Vincennes par la Confédération pour loger son secrétaire général. Mais ce mardi 18 novembre, à l'occasion d'un meeting consacré aux élections dans la fonction publique, Thierry Lepaon égrène ses classiques du moment -la connivence entre le patronat et le pouvoir, Laurence Parisot désormais au conseil d'administration d'EDF, le "mal nommé" pacte de responsabilité qui succède au "bien connu" pacte avec le diable...- sans un mot sur "l'affaire de l'appartement". "Les gens s'en foutent", juge Thierry Lepaon sur France Inter quelques jours plus tard.
Son stoïcisme n'est qu'une façade. Indice de sa nervosité, il fume "pas mal en ce moment", alors qu'il y a un an il était hospitalisé pour des problèmes cardiaques. Comme toujours lorsqu'elle est attaquée, la CGT fait bloc derrière son secrétaire général. Et dénonce le complot qui la vise. Mais l'affaire de l'appartement, puis celle du bureau rénové pour 62 000 euros dévoilée à nouveau par Le Canard enchaîné du 26 novembre, révèlent les faiblesses de Thierry Lepaon. Jamais, en vingt mois de mandat, il n'est parvenu à convaincre qu'il est à la hauteur de la tâche.
A Paris, le 15 novembre dernier, plusieurs fédérations de la CGT s'associaient à des mouvements d'extrême gauche, contre l'avis de leur direction.
Longtemps, la CGT a préféré panser les plaies de la succession ratée de Bernard Thibault. Thierry Lepaon a été désigné à l'issue d'une guerre fratricide entre la candidate désignée par Bernard Thibault -Nadine Prigent- et deux challengers -Eric Aubin et Agnès Naton. Au terme d'un an de déchirements, Thierry Lepaon l'emporte, en mars 2013, parce qu'il a su rester en marge du conflit. Lui veut croire que, "le temps aidant, les choses vont se tasser". Ses adversaires savent que s'ils relancent la guerre, ils la perdront. Les rancoeurs demeurent, mais elles ne s'expriment pas.
Pourtant, Thierry Lepaon peine déjà à trouver la juste mesure de son poste. Il commet des bourdes. Nombreuses. En février, il livre au Nouvel Economiste sa vision du syndicalisme. Et lâche cette petite phrase qui sonne comme un renoncement à la lutte des classes : "Il n'existe à la CGT aucune opposition de principe face au patronat. L'entreprise est une communauté composée de dirigeants et de salariés [...] et ces deux populations doivent pouvoir réfléchir et agir ensemble dans l'intérêt de leur communauté."
En janvier, il rencontre des responsables du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France), pas franchement en phase avec la tradition propalestinienne du syndicat. En juin, il y a la communication calamiteuse autour d'une grève à la SNCF qui dure bien plus que prévu. Thierry Lepaon dit : "Il faut arrêter." Quand le patron des cheminots lance : "Il faut continuer". Il y a enfin cette valse-hésitation autour de la conférence sociale de juillet. Y aller? Boycotter ? Ce sera un mélange des deux. Chaque fois qu'une voix s'élève pour dénoncer ses choix, la critique est balayée d'un revers de la main. Sous prétexte qu'il ne s'agit que d'une poignée d'aigris ou de représentants de l'extrême gauche toujours prompts à déstabiliser l'organisation.
Désormais, cette posture n'est plus tenable. Derrière le secrétaire général, c'est toute la CGT qui vacille. Elle a du mal à se faire entendre sur le terrain social face à un gouvernement et à un patronat qui défendent une ligne très opposée à la sienne. Elle encaisse des reculs dans les grandes entreprises publiques ou anciennement publiques -comme chez EDF ou chez Orange, il y a quelques jours. Elle risque fort, lors des élections dans la fonction publique, de devoir reconnaître qu'elle n'est plus tout à fait aussi puissante qu'avant. Certes, elle devrait conserver sa place de première organisation syndicale, mais les résultats dans des secteurs clefs comme le ministère de l'Intérieur, où elle pourrait disparaître, risquent de créer un choc.
La résidence, à Vincennes, dans laquelle la CGT a fait rénover l'appartement de Thierry Lepaon pour plus de 100 000 euros.
Plus encore que le fond, c'est la méthode qui heurte. Thierry Lepaon donne le sentiment de ne rien écouter, rien entendre. Au point que le communiqué de conclusion à l'unanimité apparente n'a, en réalité, été validé que par des présents en nombre infime, les autres ayant quitté la salle pour ne pas cautionner un texte qu'ils n'ont pas vraiment élaboré.
A deux reprises sur Europe 1, puis dans L'Humanité, Bernard Thibault, très discret depuis son départ de la tête de la CGT, prend la parole. Il juge la CGT "dans une mauvaise passe", mais "fait confiance aux instances pour trouver une solution". Certains voient dans ce message un appel à l'unité, d'autres un avertissement à son successeur. Inévitablement, les regards se tournent vers le camarade Lepaon, qui, à force d'hésiter entre fermeté mal comprise et flou soigneusement entretenu, donne le sentiment de perdre la CGT sur des chemins sinueux.
A sa décharge, Bernard Thibault lui a légué une situation complexe. Lorsque, en janvier 2012, au Zénith de Paris, l'ancien secrétaire général appelle ses troupes à battre Nicolas Sarkozy, il est chaleureusement applaudi. Deux ans et demi plus tard, son successeur ne renie rien -"Jamais, jusqu'à ma mort, je ne dirai que c'était une erreur"-, mais il ne parvient pas à trouver la juste distance entre opposition à une politique qu'il juge trop propatronale et reste d'affection pour la gauche. Une gauche qui "n'est pas la droite, car je ne sais peut-être pas bien ce qu'est la gauche en ce moment, mais je sais ce qu'est la droite".
En la matière, l'ambiguïté est d'autant plus dangereuse qu'une partie de l'organisation est tentée par un front commun avec les partis politiques d'extrême gauche. Le 12 avril dernier, alors que la Confédération refuse de participer à la marche contre l'austérité lancée par les mélenchonistes, plusieurs fédérations -celles des services publics notamment- et unions départementales s'y associent.
Le constat est consensuel : "Là où on n'est pas bon, c'est qu'on devrait pouvoir en parler ensemble. Et comme on ne le fait pas, ça donne l'impression de tendances, de ruptures au sein de la CGT. Et ça alimente l'idée que Thierry Lepaon n'est pas l'homme de la situation", reconnaît un partisan de la stricte séparation du politique et du syndicalisme.
"Le débat n'est pas mené" : le reproche est lâché. Il ne l'est pas, non plus, sur les relations à entretenir avec les autres organisations syndicales, sur la meilleure manière de mobiliser les salariés ou sur les revendications à défendre. Bien sûr, tout le monde approuve le concept du syndicalisme rassemblé, celui de l'irruption des salariés sur le terrain social, mais au-delà ? Avec qui faut-il discuter en priorité? La CFDT, qui soutient le pacte de responsabilité honni, ou FO, le frère ennemi depuis 1947? Les mobilisations ? Bien sûr, mais à quel rythme, sur quels thèmes ? Les récents appels sur la Sécurité sociale, les transports ou les services publics n'ont rassemblé que de maigres troupes. Ni le camion à merguez, ni le Bella Ciao à tue-tête, ni les chiffres obstinément gonflés ne font illusion.
Thierry Lepaon reconnaît qu'il lui est difficile de dégager des slogans qui mobilisent : "Lorsqu'on discute entre nous de contenus revendicatifs, on commence par se demander quelle est la priorité des Français. Les salaires. Très bien. Puis il y en a un deuxième qui dit : "Ah, oui, mais avec 5 millions de chômeurs, on ne peut pas ne pas parler emploi." Donc, on dit très bien : salaires et emploi. Puis, le troisième dit : "Oui, mais, derrière tout ça, il y a l'enjeu du financement de la protection sociale." Le quatrième : "Oui, mais c'est surtout l'emploi industriel qui est créateur de richesse." Le cinquième :"Et les emplois publics alors?" Et on finit par un "non à l'austérité" qui n'est pas très lisible et surtout nous cantonne dans l'opposition."
Thierry Lepaon a beau regretter le mélange des genres, organiser des journées d'étude sur la relation entre le syndicalisme et la politique pendant l'été, rien n'y fait. Lors de la mobilisation du 15 novembre, le collectif contre l'austérité compte, à nouveau, dans ses rangs des drapeaux syndicaux. Un des signataires de l'appel à manifester s'explique : "A l'intérieur de la CGT, ce débat n'est pas mené à la hauteur où il devrait l'être. On est dans la caricature, dans les anathèmes, il s'y mêle une volonté de régler des comptes ou de préparer la suite. Si le débat avait lieu, peut-être qu'on ne serait pas dans une opposition aussi frontale à l'égard de la Confédération."
Mars 2013: Thierry Lepaon succède par défaut à Bernard Thibault (2e à dr.), après une longue guerre interne.
Les premiers mois de son mandat, Thierry Lepaon justifie son impuissance par le fait qu'en 2013 il n'a pu composer la direction de son choix. Ainsi, parmi les dix membres du bureau, siègent deux anciens postulants à la succession de Bernard Thibault, Agnès Naton et Eric Aubin, mais aussi Valérie Lesage -auteur, en février, d'un courrier féroce, révélé par l'agence AEF, sur "la rupture" en train de s'installer au sein de la CGT-, Mohammed Oussedik ou Sophie Binet, pas franchement sur la même ligne qu'Agnès Le Bot ou Marie-Laurence Bertrand.
Thierry Lepaon affirme n'être proche de personne -"Je n'ai jamais confondu les amis, les copains, ou les camarades. Dans les instances, ils ne sont pas tous mes amis ou mes copains, mais tous mes camarades." Toutefois, il surveille du coin de l'oeil ceux qu'il juge menaçants. C'est ainsi qu'en mars dernier, après avoir désigné Eric Aubin comme tête de file pour les discussions avec le patronat sur le pacte de responsabilité, il le désavoue au dernier moment au profit de Marie-Laurence Bertrand, considérée comme plus fiable.
"Son entourage est dans la parano. Chaque fois que quelqu'un lève la main, c'est une menace", résume un bon connaisseur de la CGT. Lorsque éclate l'affaire de l'appartement, la méfiance apparaît au grand jour. Thierry Lepaon déclare vouloir convoquer un à un les membres du bureau pour "vérifier leur engagement". La formule sonne comme un ultimatum. Ceux qui ne se soumettront pas devront partir.
Très vite, pourtant, le secrétaire général de la CGT perçoit le danger. Déjà fragilisé, il pourrait y laisser le peu d'autorité qui lui reste. Il opte pour la technique de la dilution. D'ici à février, deux nouveaux membres devraient faire leur entrée au bureau. Un homme, une femme. Parmi les noms qui circulent, celui de Philippe Martinez, secrétaire général de la métallurgie.
Parallèlement, Thierry Lepaon veut profiter du 120e anniversaire de la CGT en 2015 pour lancer -enfin- les grands débats que l'organisation attend. Il promet, dès le début du mois de janvier, une initiative qui dépassera le seul cercle de la CGT et s'adressera à toutes les forces sociales et politiques du pays. Il veut s'appuyer sur les périodes difficiles qu'a connues le syndicat par le passé pour surmonter les obstacles d'aujourd'hui. "C'est une question de courage politique. Après un an et demi, il est temps de poser ces questions. Ce n'est pas mon genre de laisser les choses sous le tapis", claironne-t-il. Il n'a surtout pas le choix s'il veut avoir une (petite) chance de prétendre à un second mandat en 2016. "S'il attend le prochain congrès, il est mort, compte tenu du contexte", juge un observateur.
Paradoxalement, l'absence de relève semble son allié le plus sûr. Les "anciens" de la succession de Bernard Thibault sont hors-jeu. Eric Aubin apparaît comme trop diviseur. Agnès Naton ne cache pas que, à l'issue de son troisième mandat, elle aspire à se rapprocher de la région Rhône-Alpes, dont elle est originaire. Nadine Prigent ne fait pas plus consensus aujourd'hui qu'en 2012. Dans les grandes fédérations, la métallurgie ou la santé, aucune personnalité ne se dégage encore. Quant aux jeunes qui montent, Sophie Binet (cadres) ou Baptiste Talbot (collectivités territoriales), ils se concentrent sur leurs fédérations et leurs dossiers, et se gardent bien d'afficher une quelconque ambition. Comme en 2013, Thierry Lepaon pourrait gagner parce qu'il apparaîtra comme la moins pire des solutions. A condition, toutefois, de tenir jusque-là. C'est si long deux ans...
Le secrétaire général de la CGT Thierry Lepaon, lors d'une manifestation à Paris le 16 octobre 2014
Interrogé par l'Express, Thierry Lepaon confirme l'existence de cette transaction, mais n'y voit rien d'anormal. "Je changeais d'employeur", se justifie-t-il. Pourtant, bien qu'autonomes, les deux maisons font bien partie de la galaxie CGT et plaider le changement d'employeur est assez audacieux. Quant au montant, il ne "s'en souvient plus", mais "ce n'était pas grand-chose puisqu'il n'avait que cinq ou six années d'ancienneté" dans la fonction.
Si la pratique n'a rien d'illégal, elle est pour le moins surprenante de la part d'un secrétaire général de la CGT. Une organisation qui n'a jamais caché tout le mal qu'elle pensait d'un dispositif créé en 2008, qu'elle juge trop favorable au patronat.
Depuis la fin du mois d'octobre, les révélations sur le montant des travaux réalisés dans l'appartement et le bureau de Thierry Lepaon ont suscité d'importants remous à la CGT.
Thierry Lepaon ira-t-il à la fin de son mandat, prévu fin novembre2016 ?
Ambiance délétère à la CGT. Vendredi, dans les couloirs du siège de Montreuil (Seine-Saint-Denis), on ne parlait que de ça... « Un homme s'est mis à hurler dans le patio, insultant Thierry Lepaon, le traitant de voleur et réclamant son départ », rapporte un des témoins.
« C'est du jamais-vu. »
D'autres évoquent à l'abri des regards les « courriers envoyés par les organisations de la centrale », qui arrivent au 7 e étage (celui de la direction) pour réclamer la tenue d'un comité central national (CCN) extraordinaire avec pour ordre du jour la démission de Lepaon. Certains appellent aussi à une grève des cotisations... Les révélations sur le secrétaire général de la CGT -- les travaux de son appartement de fonction à 105 000 €, la rénovation du bureau à plus de 60 000 EUR -- ont sidéré une partie des troupes.
Boule puante
Pourtant, tout le monde se garde bien de le dire tout haut, par peur des représailles. Pour l'heure, la direction confédérale a réussi à empêcher toute contestation, mettant en avant la thèse du complot. Boule puante ou pas des anti-Lepaon, les arguments du n o1 ne semblent plus suffire à calmer les esprits. Les onéreux travaux du bureau, révélés par le « Canard enchaîné », ne passent pas. « Cela traduit une telle insouciance », observe un responsable. Et la question commence à tourner dans les têtes des militants : Lepaon ira-t-il à la fin de son mandat, prévu fin novembre 2016 ?
« La mauvaise passe », selon l'expression de son ancien leader Bernard Thibault, n'en finit donc pas de durer. La grogne s'amplifie chaque jour et reflète non plus un problème de ligne comme il y a quelques mois. Elle se polarise désormais sur la personne d'un Lepaon affaibli. Une lente descente aux enfers pour le successeur de Thibault, toujours en quête de légitimité après plus de vingt mois à la la tête de la CGT. D'autant que les résultats ne sont pas là après les mobilisations ratées des derniers mois.
En échec chez EDF et chez Orange
Même constat dans les entreprises. Chez EDF, où elle était reine depuis des décennies, la CGT a essuyé un premier échec cuisant en 2013, perdant 4 points, avec 37,5 % des voix aux élections professionnelles. Chez Orange récemment, le syndicat a été détrôné par la CFDT. A quelques jours des élections professionnelles dans la fonction publique, son bastion, tout le monde guettera les résultats. « Si la CGT arrive avec moins de 25 % des voix, Lepaon aura du mal à rester », pronostique un expert des syndicats.
Vu de l'Elysée, trois scénarios sont sur la table : « Soit nous sommes à la veille d'une révolution de palais, soit la pression est telle que Lepaon démissionne, soit la CGT sauvegarde les apparences et rentre dans une période glaciaire... » Quoi qu'il en soit, si une nouvelle affaire venait à sortir, « ce serait un peu la dernière étape avant la sortie », prédit ce proche de François Hollande.
Source leparisien.fr
On abat bien les seniors
de : MARTINE LOZANO
lundi 1er décembre 2014
On abat bien les seniors
On apprend dans le journal "Challenges " que de nombreux groupes utilisent les préretraites "maison" pour se séparer des plus de 55 ans.
D’autres signent des ruptures conventionnelles pour faire financer leur départ par l’assurance chômage." cela avec la complicité de certains délégués syndicaux. "
Les entreprises utilisent les ruptures conventionnelles pour financer les pré-retraites des salariés par l’assurance-chômage." Les salariés partiraient tavec 50% de leur salaire ! et cela dès 55 ans et auraient ensuite le chômage rémunréré et le RSA jusqu’à la retraite.
Une étude de la DARES montre" qu’à l’inverse du discours patronal de mobilisation sur l’emploi des seniors, les entreprises ont utilisé massivement les préretraites "maison" pour se séparer des plus de 55 ans. " La retriate a 67 ans n ’aurait jamais dû être acceptée car le patronat se débarrasse des seniors avec l’aide de certains syndicats.
Retraités, employés ou chômeurs les seniors ont la vie dure : la différence du programme de la gauche populaire, antilibérale et unitaire par rapport à la droite dure et à la gauche molle est que nous considérons les immigrés, les personnes handicapées, les jeunes, les femmes et les seniors comme de la richesse pour notre pays. En effet quand une entreprise autant du privé que du public veut se débarrasser de ces seniors, c’est de la mémoire de l’entreprise qu’elle se sépare.
Des études montrent que depuis une vingtaine d’années, dans les pays industrialisés, le progrès technique n’a pas entraîné d’amélioration des conditions de travail, plutôt une intensification. Ce qui est à l’origine de troubles musculo-squelettiques, de souffrance psychique et d’atteintes à la santé mentale. Or, nous passons d’un travail bien fait à un travail rentable. Les plus touchés sont les seniors qui ont du mal à supporter le travail dans l’urgence et sous pression.
Pour un salarié vieillissant, l’obligation d’aller encore plus vite est difficile à supporter. Certains partent en retraite même si celle-ci est réduite. C’est ainsi que le turn over dans les entreprises publiques ou privées a pour conséquence d’effacer la mémoire des luttes ainsi que des précédentes difficultés. La mobilisation est alors plus difficile.
Avec la forte hausse du coût de la vie le niveau actuel des personnes à la retraite ne permet pas de satisfaire les besoins des retraités (plus d’un sur 6) alors que le niveau de retraire ne devrait pas être inférieur au SMIC.
C’est ainsi qu’un rapport du comité national des retraites met en évidence la perte du pouvoir d’achat de 10% sachant que depuis plus de 10 ans les retraites ont baissé ainsi que les complémentaires.
Des femmes vivent avec des retraites de 600 euros par mois, certains hommes aussi.
D’autre part, devenues dépendantes ces personnes sont dans le désarroi car les structures n’existent pas suffisamment. Il est plus que temps d’instaurer un grand service public d’aide aux personnes car les fonds de pensions commencent à investir les maisons de retraite.
Pour un droit à la retraite décent
Pour le droit au travail des seniors
Pour un niveau de vie décent
Mobilisons nous.
Martine Lozano
Source bellaciao.org
Chers amis,
J'ai adoré votre introduction :
"La découverte du syndicalisme à la DIRNO"
Les comités sont des spectacles, mis en scène par la direction avec 3 types d'acteurs :
- "les bénis oui-oui" qui disent oui à tout et votent pour. Attention, quelquefois ils s’abstiennent car ça fait un peu bad boy quand même, mais ils le savent bien que s’abstenir c’est consentir,
- "les tout-pour-ma-promo" qui font non avec la tête mais qui disent oui avec le vote, parce que ça aide d’aller dans le même sens que l’administration pour les mutations, les promotions,
- "les irréductibles" qui luttent à la fois contre l’administration, les bénis-oui-oui et les tout-pour-mapromo, lorsque les propositions vont dans le sens de la destruction des services.
Pour rassurer les camarades, je tenais à leur dire que nous avons les mêmes à Disneyland Paris à la différence près que nous avons affaire à des cumulards puisqu'ils réalisent le tour de force d'être "bénis oui oui" et "tout pour ma promo" en même temps!
Bonne chance pour les élections!
Amitiés à tous et à toutes
Cyril LAZARO
Chers camarades,
Le congrès tant attendu est enfin terminé.
Commençons par le point positif, pour la première fois depuis longtemps, un débat démocratique a enfin pu avoir lieu.
Nous pouvons ne pas être d'accord, mais nous nous devons d'en discuter, telle devrait être la règle d'or de la démocratie syndicale.
Les agissements des camarades de Disney ont été révélés à tous, à la tribune, ce qui a valu un nombre incalculable de ratures sur leurs noms lors du vote final (jusqu'à 30% d'après les informations que l'on m'a fournies), mais cela n'aura pas suffi à faire barrage à leur réélection.
Soyons une fois de plus positif, la prise de conscience collective des dérives individuelles de quelques membres de cette Fédération doit permettre d'y remédier très rapidement, et nul doute que le retour au niveau de la Confédération devrait activer les choses, du moins, on est en droit de l'espérer.
L'aspect négatif est que sur le fond, la représentativité de cette Fédération n'a pas vraiment évolué puisque nous sommes dans le cadre de reconduction de mandats plutôt que de changements. Le verrouillage en amont de par le choix des participants y est pour quelque chose.
Néanmoins, je demeure très optimiste pour l'avenir dans le sens que nous ne sommes plus dans le cadre d'affrontements frontaux et que le dialogue a enfin pu retrouver ses droits.
Il appartiendra à la nouvelle commission exécutive d'oser, non pas la chasse aux sorcières comme cela fut le cas il y a 3 ans, mais les réajustements nécessaires pour une représentation plus conforme à l'intérêt des travailleurs de tous les secteurs de cette Fédération, et l'éviction pure et simple de ceux qui n'ont plus place dans une Fédération dont l'importance dans ces temps de désindustrialisation massive va devenir de plus en plus cruciale pour l'avenir de la CGT.
L'ensemble des problèmes de cette Fédération est loin d'être terminé, mais la réaction des congressistes face à la Vérité est un signe encourageant pour l'avenir.
Je veux y croire.
La Commission exécutive sera désormais bien trop exposée au regard des militants pour faire n'importe quoi, comme cela a pu être le cas par le passé.
Si les dérives perdurent, je n'aurai de cesse de les dénoncer, cela va de soit!
Amitiés à tous et à toutes
Cyril LAZARO