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27 avril 2013 6 27 /04 /avril /2013 21:29

Il rend sa carte! La lettre de démission du dirigeant CFDT de Sanofi

 


 

VIALLY Pascal

10, place de la Bascule

69210 St-Germain-sur-l’Arbresle


 

Jean-François RENUCCI,

Secrétaire Général FCE-CFDT

Marie-Hélène GOURDIN,

Exécutif FCE-CFDT en charge de la Branche Pharmacie

Isabelle FAIVRE,

Secrétaire Générale SCERAO-CFDT

Laurent BERGER,

Secrétaire Général de la CFDT


 

 

Marcy L’Etoile, le 23 avril 2013


 

 

Objet : Prise d’acte de ma démission forcée


 

Mesdames, Messieurs,


 

Je vous informe par la présente que je prends acte de l’obligation qui m’est faite de démissionner de mes fonctions de coordonnateur CFDT Sanofi, de Délégué Fédéral FCECFDT en charge de la liaison CFDT Sanofi, et de mon mandat de Membre Suppléant du Comité d’Entreprise Européen de Sanofi. Je vous informe également de ma décision de quitter la CFDT. Ces décisions prennent effet immédiatement à compter de la réception de cette lettre, aussi je vous demande de bien vouloir cesser le prélèvement de toute cotisation et de m’enlever de toutes vos listes de diffusion d’informations sous toute forme (courriers, courriels, abonnements revues internes).


 

Ces décisions n’ont pas été faciles à prendre, au regard de ces nombreuses années d’un engagement total de ma part pour la défense des intérêts des salariés de Sanofi, et pour la défense des valeurs fondamentales de la CFDT : solidarité, émancipation, autonomie, indépendance, démocratie. Elles n’ont pas été faciles à prendre par rapport aux très fortes relations humaines que j’ai pu tisser avec les adhérents et militants CFDT de Sanofi, auxquels je renouvelle tout mon soutien et toute mon amitié. Ces décisions je les prends en raison de la certitude que j’ai acquise, durant ces derniers mois d’une longue lutte contre le plan de restructuration de Sanofi, que les structures CFDT (syndicats, fédération, confédération) sont en décalage complet avec les revendications de la majorité des adhérents et militants de terrain, et que la démocratie interne de la CFDT ne fonctionne malheureusement pas.  Quelques explications s’imposent, et je choisis ici de les argumenter par quelques rappels chronologiques et factuels.


 

En préambule je souhaite rappeler que contrairement aux idées reçues véhiculées par les structures CFDT je suis personnellement très attaché à la culture du dialogue et de la négociation chers à la CFDT. J’en apporte pour preuve si besoin était, le nombre très élevé d’accords que j’ai pu signer, chaque fois à l’issue d’un processus démocratique de prise de décision collective des équipes CFDT concernées, et ce à tous les niveaux où il m’a été donné d’exercer ces responsabilités : sur mon site de Marcy L’Etoile, puis au niveau de la société Sanofi Pasteur, et enfin à l’échelle du Groupe Sanofi en France. Ces accords, qui ont été le résultat d’âpres négociations, parfois soutenues par la mise en œuvre d’un rapport de force quand c’était nécessaire, ont permis d’apporter des acquis en termes d’emplois créés ou de pouvoir d’achat. Je suis particulièrement fier d’avoir contribué personnellement, avec les équipes CFDT, à ce processus de dialogue qui a porté ses fruits à maintes reprises, et force est de reconnaître que ce dialogue a aussi été possible par la volonté de la Direction de l’époque. Au sein des structures CFDT ma contribution a régulièrement été reconnue.


 

Tout a changé lorsque la nouvelle Direction de Sanofi est arrivée, en 2009, avec de nouveaux objectifs et de nouvelles méthodes. Dès 2009, à l’occasion de la première restructuration mise en œuvre par M. Viehbacher, j’ai pris activement part dans un conflit social de grande envergure au sein de Sanofi Pasteur, ponctué par 3 semaines de grève totale portant sur l’emploi, les conditions de travail et le pouvoir d’achat. La CFDT Sanofi Pasteur avait particulièrement mis l’accent sur les problématiques d’emploi et de conditions de travail à l’échelle du Groupe, avec déjà à l’époque des suppressions d’emplois à visée financière. A l’époque déjà les structures CFDT, avec l’assentiment du coordonnateur CFDT Sanofi d’alors, avaient brillé par leur absence et par leur volonté manifeste de ne pas laisser ce mouvement prendre trop d’ampleur au sein du Groupe Sanofi. Les autres organisations syndicales du Groupe n’avaient d’ailleurs pas fait mieux.


Cette situation avait amené les salariés de Sanofi Pasteur à se sentir totalement abandonnés, et pour ma part cette situation très dure face à une Direction cynique et l’absence de soutien de nos structures syndicales m’avaient amené au bord de la rupture.


 

Devenu depuis coordonnateur CFDT pour le Groupe Sanofi (à la demande d’une très large majorité des militants CFDT nationaux du groupe), je suis intervenu dans les instances fédérales pour rappeler que les structures doivent absolument soutenir les équipes sur le terrain dans des situations conflictuelles de ce type. Les « leçons » de cette histoire ont-elles été retenues ? Absolument pas. Ce que j’ai vu ces derniers mois dépasse l’entendement et mérite que l’on s’attarde.


 

Le 11 juin 2012, le Secrétaire Général de la FCE-CFDT m’appelle pour me dire qu’une réunion va avoir lieu en toute confidentialité, entre la Direction Sanofi, la confédération CFDT en la personne de son secrétaire général F. Chérèque, et la fédération en sa propre personne, et me demande de lui transmettre un bilan de la situation chez Sanofi.


Je lui adresse en réponse le travail réalisé en intersyndicale Sanofi, qui a été envoyé dans la foulée à différents  ministères car nous anticipions à l’époque une annonce imminente de nouveau plan de restructuration à visée financière. Je lui précise être en désaccord avec la méthode : une réunion secrète au plus haut en amont des annonces, en dehors du cadre légal de négociation et des instances représentatives du personnel, qui laisse le doute sur la possibilité d’accords cachés, et je lui demande la possibilité d’évoquer cette réunion et son contenu en toute transparence avec les équipes CFDT, ce qui m’est refusé. Contre son avis je parle de cette réunion avec mon équipe. Pourquoi cette culture du secret ?


 

Le 29 juin 2012, le Secrétaire général de la FCE-CFDT me rappelle pour me dire que la réunion a eu lieu le matin même au siège de la confédération à l’occasion d’un petit-déjeuner, en présence de F. Chérèque, C. Viehbacher et lui-même. Il me dit que Sanofi va annoncer un plan de restructuration, qu’il y aura un impact fort sur l’emploi dans la R&D, les vaccins  et les fonctions support, que l’industriel ne sera pas touché, que les mesures d’accompagnement seront comme d’habitude d’un bon niveau, et me donne les consignes suivantes : « Ne pas faire d’intersyndicale avec la CGT, ne pas agiter les chiffons rouges, ne pas faire trop de bruit dans les medias, et le message à retenir est le suivant : ce plan permet de sauvegarder la recherche en France, et la compétitivité de Sanofi ». En toute transparence j’ai transmis ces informations au comité de liaison CFDT Sanofi. Et déjà cette question qui nous taraude tous : pourquoi ces consignes pour le moins étonnantes ?


 

Le 5/07/12, la Direction Sanofi annonce son nouveau plan de restructuration qui touche la R&D (en particulier Toulouse et Montpellier), les vaccins (en particulier l’industriel) et les fonctions support dans l’ensemble du Groupe. Le chiffre de 900 suppressions de postes est avancé officiellement, mais il ne tient pas compte des effectifs de Toulouse qui sont à la fois dans et hors le plan, et c’est la résultante d’un nombre de suppressions de postes beaucoup plus élevé compensées en partie par d’autres créations de postes. Avec l’aide de notre expert économique, l’intersyndicale évaluera le nombre réel de suppressions de postes à environ 2000, alors que le groupe réalise des milliards d’euros de bénéfices, et confirmera l’analyse selon laquelle ce plan est uniquement financier dans le cadre d’un plan d’économies drastiques et d’une augmentation de la proportion des bénéfices remontée aux actionnaires sous formes de dividendes. L’intersyndicale dénonce l’externalisation de la R&D et des fonctions support, les délocalisations de vaccins, la désorganisation, la financiarisation…


 

Au vu de ces faits, le comité de liaison CFDT Sanofi (composé de 16 représentants nationaux de la CFDT Sanofi) a décidé dès le départ à l’unanimité de combattre fermement ce plan au sein d’une intersyndicale qui regroupera les 5 organisations syndicales représentatives au niveau national, plus Sud qui est notamment bien représenté à Toulouse.


 

Contrairement aux consignes données par notre fédération, la CFDT Sanofi s’investit fortement dans une mobilisation sans précédent à l’échelle du Groupe, toutes décisions validées au préalable démocratiquement, dans un contexte très fortement médiatisé dont je deviens personnellement l’une des figures au sein de Sanofi avec plusieurs prestations télévisées, et multiplie les interventions auprès des politiques pour solliciter leur intervention et leur soutien (élus locaux, maires, députés et sénateurs, ministères, Elysée…) avec en points d’orgue des auditions auprès de l’Assemblée Nationale et du Sénat et plusieurs échanges avec M. Montebourg. Dans toutes nos actions, la CFDT s’est faite le relai d’une exigence de retrait d’un plan social dévastateur, inefficace et motivé par les seuls impératifs financiers, et d’une demande de loi contre les licenciements dans les groupes qui font de larges bénéfices.


 

A l’inverse, la confédération CFDT, qui a brillé par son absence comme toutes les autres confédérations dans toutes nos manifestations, a multiplié des interventions médiatiques (dès le 6/07/2012 !) visant à minorer l’impact social de ce plan, à justifier sa nécessité, et à refuser toute législation contre les licenciements financiers.


 

Et pour cause ! La confédération CFDT s’était engagée dans une tout autre orientation dans le cadre de la conférence sociale, qui allait accoucher d’un ANI qui va plutôt dans le sens d’une plus grande souplesse des licenciements économiques…


 

Un débat interne dans la CFDT Sanofi a confirmé ce que nos adhérents et militants de terrain pensent de cet ANI : deux tiers des sections donnent un avis négatif sur cet ANI.


Malheureusement, cet avis ne vaut rien ! Pas seulement parce qu’il arrive après la signature par la confédération, mais parce que dans le fonctionnement interne de la CFDT ce ne sont pas les liaisons d’entreprises qui ont un rôle politique : ce sont les syndicats qui sont chargés de débattre de ces points et de les remonter via les Unions Régionales. Or il est évident que ce débat n’a pas eu lieu dans beaucoup de syndicats.


 

Dans l’enchaînement de nos mobilisations, « Les Sanofi » ainsi qu’on nous a vite désignés, ont participé à une manifestation inter-entreprises avec « Les Goodyear », « Les PSA », et de nombreuses autres entreprises le 29/01/13 à Paris autour de l’Association Licenci’elles (salariées licenciées des 3 Suisses) : le constat pour nombre de militants de ces entreprises, est qu’aucune confédération syndicale ne souhaite organiser vraiment une convergence de toutes les manifestations contre les licenciements financiers. Il s’agissait donc de passer outre, et de défendre ensemble une proposition de loi rédigée conjointement au-delà de toute étiquette politique ou syndicale. Plus de 700 manifestants étaient présents, et une délégation (dont je faisais partie) a été reçue au ministère du Travail. A cette occasion, on a pu me voir dans les medias aux côtés de Philippe Poutou, délégué CGT de Ford.


 

C’est cette occasion qu’a saisie la Secrétaire Générale de mon syndicat d’appartenance, le SCERAO-CFDT, pour suggérer en réunion fédérale ma radiation de la CFDT au motif que j’avais été vu médiatiquement aux côtés d’ « extrémistes » de gauche (Mrs Poutou et Mélenchon) et que ce n’était pas dans les valeurs de la CFDT au même titre que les idées du Front national… Contre toute attente, la réponse de la fédération a été de dire qu’il y avait effectivement un « dysfonctionnement » dans la CFDT Sanofi, un « problème de management », et que la fédération allait prendre des décisions après avoir rencontré les militants nationaux de Sanofi.


 

En d’autres termes, la fédération valide 3 dérives majeures :


- Une première dérive qui consiste à dire qu’être vu avec une personnalité politique signifie qu’on adhère à ses idées. Or je pense avoir été vu avec des personnalités d’à peu près toute la classe politique… hormis le Front National dont les valeurs vont à l’encontre des miennes. Cela n’a aucune importance dans le sujet mais je tiens à préciser que je n’adhère à aucun parti politique.


- Une deuxième dérive qui consiste à mettre sur le même plan les idées de la gauche de la gauche et celles du Front National.


- Une troisième dérive qui consiste à dire que si la CFDT Sanofi n’est pas dans la ligne politique fédérale ou confédérale alors c’est que la CFDT Sanofi dysfonctionne. C’est la logique de la pensée unique.

 

 

En réaction, des adhérents et militants Sanofi, qui se sont sentis attaqués à travers moi du fait que je me suis toujours fait le reflet de la majorité démocratique de la CFDT Sanofi, ont initié une pétition publique sur internet pour me soutenir et empêcher ma radiation de la CFDT. Cette pétition s’adressait à la Secrétaire Générale du SCERAO-CFDT (qui n’a jamais accepté ma demande de rencontre).


 

Le 8 mars 2013, a lieu un échange de la CFDT Sanofi avec le nouveau Secrétaire Général de la confédération, en présence du Secrétaire de la fédération. A cette occasion il nous est confirmé que la confédération ne veut pas de loi contre les licenciements financiers, et que l’ANI sera la solution à nos problèmes, ce qui est évidemment faux. Le Secrétaire de notre fédération en profite pour nous dire : « Vous allez maintenant faire attention à tout ce que vous dites et ce que vous faites, car j’ai de quoi virer la moitié de votre équipe ».


 

Entre-temps le journal Mediapart s’est fait l’écho de la pétition publique, dans un article intitulé « La CFDT aux prises avec sa base chez Sanofi », ce qui a provoqué le démandatement de Véronique FALIPOU-PAMIES, déléguée CFDT de Sanofi (Merial) à qui la fédération a fait endosser la responsabilité de l’externalisation de nos différends sur la place publique. Ce démandatement a été fait dans l’irrespect le plus total des méthodes prévues dans les statuts de notre fédération.


Et depuis, la fédération s’appuie sur la coordonnatrice adjointe de la CFDT Sanofi pour me trouver un remplaçant au poste de coordonnateur titulaire, ainsi qu’elle l’a reconnu lors de notre dernière réunion de liaison. Mon démandatement est donc d’ores et déjà lui aussi prévu, pour le mois de mai.


 

C’est pourquoi j’ai décidé d’anticiper ce démandatement et de vous donner ma démission car toute cette situation m’insupporte.


 

Depuis le début de cette affaire, les comportements et agissements de la fédération, aidée par quelques éléments très minoritaires de la CFDT Sanofi, sont inqualifiables :


 

- consignes contraires aux souhaits de nos adhérents et militants, et aux intérêts des salariés que nous défendons, après une réunion confidentielle au plus haut niveau,


- tentatives multiples de discréditer le coordonnateur et ses proches collègues pour leur coller une étiquette d’extrémistes (pour preuve certains mails reçus, et certains témoignages)


- tentatives multiples de remise en cause des décisions démocratiques de la CFDT Sanofi, tentatives de casser l’intersyndicale, tentatives de casser le fil avec le ministère du redressement productif (pour preuve de nombreux mails, et un projet avorté de communiqué de presse fédéral)…

 

 

Dernier point en date : j’ai eu confirmation de la bouche de la Direction Sanofi, d’une rumeur qui m’était revenue aux oreilles. Dans le cadre des mesures d’accompagnement du plan de restructuration, figure un volet qui permet à des seniors de partir travailler pour des associations tout en étant payés par Sanofi. Il est aujourd’hui clairement établi que les Organisations Syndicales pourront bénéficier de cette mesure, en accueillant de nouveaux permanents syndicaux dans les structures syndicales, payés par Sanofi, grâce au plan social : n’y a-t-il pas là un conflit d’intérêt évident ? Quand ceci a-t-il été demandé par les organisations syndicales ? Comment peut-on accepter ça ?

 

 

Les conflits d’intérêts potentiels existent déjà, relatifs aux modalités de financement des organisations syndicales, et relatifs à la gestion paritaire de certains organismes. Plutôt que de les encadrer, on décide d’en rajouter de nouveaux encore plus problématiques !


 

Ayant bien compris qu’il m’est désormais impossible de continuer de lutter en interne pour une plus grande démocratie et une plus grande transparence, et sachant qu’il m’est également insupportable de vous laisser me démandater, veuillez considérer que dès à présent je suis libéré de toutes mes fonctions syndicales et que je récupère toute ma liberté de parole à l’extérieur, non par esprit de rancune, car finalement je garde des liens très forts avec la grande majorité des militants CFDT qu’il m’a été donné de rencontrer, mais pour participer désormais au nécessaire combat citoyen, contre l’obscurantisme d’une minorité, pour la démocratie, et contre le pouvoir de l’argent.

 

 

Aucune structure syndicale ne me semble aujourd’hui suffisamment indépendante, politiquement et financièrement, pour mener à bien cette lutte fondamentale qui devra donc  passer par d’autres chemins.


 

Je n’ai désormais plus aucun mandat syndical, et j’ai demandé à retrouver un poste de travail sur mon site de Marcy L’Etoile, évidemment sans aucune prétention pécuniaire ou de « reconnaissance des compétences acquises pendant mes mandats » comme certains m’y poussaient. Je suis également conscient des risques que je vais prendre en parlant publiquement dans ces conditions, et j’accepte ce risque car en vérité je n’ai pas le choix, c’est mon cœur qui s’indigne et c’est mon corps entier qui se lève debout.

 

 

L’humain d’abord !


 

Pascal VIALLY


 

Ex-Coordonnateur CFDT Sanofi

 

CFDT Sanofi

 

 

 

 

 

 

 

Source pcfbassin.fr

 

 

L’annonce de la démission de Pascal Vially, leader CFDT des SANOFI est révélatrice du profond malaise qui affecte la CFDT et ses choix d’accompagnement du système et de sa crise, mais ce malaise ne concerne pas la seule CFDT !

Positionnement d’autant plus significatif qu’il s’agit d’un militant s’affirmant attaché à la culture de dialogue et de négociation prônée par la CFDT.

Cette annonce de démission d’un militant totalement engagé contre un plan de licenciement et de restructuration illustre et met à jour publiquement, de manière argumentée et circonstanciée plusieurs traits qui affectent le mouvement syndical :

 

                    - un fossé qui se creuse entre directions confédérales et militants et équipes de bases confrontées aux restructurations et licenciements massifs et engagées dans les luttes. - des pratiques autoritaires et répressives à l’encontre des militants "qui ne sont pas dans la ligne" et font prévaloir la démocratie de terrain à la place de l’alignement sur les consignes "d’en haut" (démandatement et poussée vers la sortie)

                   - la pratique du secret dans le dos des travailleurs et les rencontres discrètes avec le patronat illustrée dans ce cas par l’entrevue en juin 2012 entre le secrétaire de la fédération de la chimie CFDT, François Chérèque pour la confédération et C. Viebacher, directeur général du groupe, s’accompagnant de la consigne ; « Ne pas faire d’intersyndicale avec la CGT, ne pas agiter les chiffons rouges, ne pas faire trop de bruit dans les medias » et débouchant sur une véritable trahison de la lutte intersyndicale engagée par les travailleurs et sur l’approbation du plan de restructuration de la direction.

                   - le refus des confédérations de s’engager résolument dans la coordination des luttes existantes

                   - enfin la mise en oeuvre de procédés de corruption de la part des directions d’entreprise : . "Dans le cadre des mesures d’accompagnement du plan de restructuration, figure un volet qui permet à des seniors de partir travailler pour des associations tout en étant payés par Sanofi. Il est aujourd’hui clairement établi que les Organisations Syndicales pourront bénéficier de cette mesure, en accueillant de nouveaux permanents syndicaux dans les structures syndicales, payés par Sanofi, grâce au plan social : n’y a-t-il pas là un conflit d’intérêt évident "

 

On doit à la vérité de dire que si le cas présent affecte la CFDT, des comportements similaires se manifestent aussi à l’intérieur de la CGT comme on le voit dans un certain nombre de fédérations et de manière encore plus manifeste et grossière dans la fédération du commerce.

 

Un point et une racine communs : l’orientation réformiste conduit à une coupure avec la base des organisations et les travailleurs, coupure qui a son tour induit les comportements autoritaires, les liaisons occultes avec les structures patronales, des phénomènes de corruption.

 

Il est donc plus que temps que le ménage soit fait dans le mouvement syndical, qu’une orientation de lutte prévale et que les militants se réapproprient leurs organisations pour que massivement la confiance dans les organisations et dans les luttes s’impose, seule issue à la crise!

Source frontsyndical-classe.org

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27 avril 2013 6 27 /04 /avril /2013 15:02

Une histoire vraie, qui nous permet de faire grandir notre regard d'être humain sur d'autres formes de perception.

Amitiés à tous et à toutes

Cyril LAZARO

 

 

 

 



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27 avril 2013 6 27 /04 /avril /2013 13:13

La situation ne s'arrange pas à Disneyland Paris. Vous allez pouvoir lire ci-dessous un courrier qui m'a été adressé par mon chef d'établissement Stéphane Lamadon, directeur de l'Hôtel New York, courrier qui me pause de gros soucis d'interprétation.

Suite à une note inscrite sur le cahier des dangers graves et imminents, le Directeur qui est juriste de formation, c'est tout au moins ce qui se dit, croit bon de se donner l'absolution en écrivant : " En outre, les faits ne relevant pas d'une situation de danger grave et imminent, nous vous avisons que nous n'interviendrons pas dans le présent conflit vous opposant à la CGT Eurodisney."

Avec tout le respect que je vous dois Stéphane, ce blog ayant aussi une vertu pédagogique pour tous les lecteurs, je vais commencer par vous rappeler que vous n'êtes pas un de mes objectifs (je vous l'aurais fait comprendre depuis bien longtemps autrement), mon but est de moraliser cette entreprise et de l'ouvrir à d'autres types de gouvernance où les salariés pourraient enfin avoir une représentation syndicale digne de ce nom pour parler en leur nom.

Ce petit rappel effectué, j'en reviens à la version pédagogique de ce blog en rappelant ce qu'est le cahier des dangers graves et imminents.

La loi : ce registre doit aussi être mis en place dans tous les établissements. Son rôle est complémentaire de celui du cahier d’Hygiène et de Sécurité. Si le danger peut entraîner à court ou long terme un risque grave pour une ou des personnes, il doit être noté dans ce registre.

L’administration devra réagir immédiatement pour éviter la réalisation de l’accident (remise en conformité voire évacuation des personnes). Si, faute d’action, un accident se produit dans ces circonstances, le bénéfice de la faute inexcusable de l’employeur sera acquis pour la victime, ce qui permet une meilleure indemnisation de celle-ci.

Commentaires : la personne qui se sent en danger peut, après l’avoir inscrit sur ce registre, se retirer de sa situation de travail sans qu’il y ait sanction financière ou autre : c’est le droit de retrait. Il est utile de rappeler qu’en cas de violence au sein d’un établissement scolaire, un certain nombre de collègues n’ont pas hésité à utiliser ce droit de retrait, à juste titre.

Source http://www.sudeducation.org/Le-registre-de-danger-grave-et.html

Vous comprenez bien dès lors, Stéphane, que vous ne pouvez vous dédouaner aussi facilement de vos responsabilités.

Ceci étant dit, je reviens sur une autre phrase de votre courrier, qui à mon sens ne reflète pas totalement la réalité. J'attire l'attention du lecteur sur la formulation de la phrase que je viens d'écrire. Si j'avais écrit "c'est mensonger", j'aurais pu tomber sous le coup de la diffamation tandis que la formule choisie n'est qu'une opinion ou un avis personnel.

Ne souriez pas, je passe au tribunal le 24 mai pour moins que ça...

Revenons à nos moutons.

Voici Stéphane, ce que vous écrivez : "Nous vous rappelons que l'Entreprise n'a pas à intervenir dans un différend opposant un salarié à une Organisation Syndicale, quelque soit la nature de ce différend."

Je note au passage une faute de français, mais c'est juste à titre pédagogique. Il ne faut pas écrire "quelque soit la nature de ce différend", mais "quelle que soit la nature de ce différend".

Lorsque vous écrivez " que l'Entreprise n'a pas à intervenir dans un différend opposant un salarié à une Organisation Syndicale", vous omettez le fait de rappeler que cela peut paraître erroné. Je vous rappelle qu'une secrétaire de syndicat (la CFDT pour ne pas le nommer) a eu des mots un peu fleuris vis à vis d'un directeur de la sécurité, un de ceux dont on a tant parlé au tribunal dans l'histoire des barbouzes.

Si ma mémoire est encore fiable, il y a eu une procédure disciplinaire qui a suivi... N'est-ce pas?

Dois-je vous rappeler que suite à un échange où je n'avais fait qu'élever le ton avec une responsable des ressources humaines, j'ai moi-même été sous le coup d'une procédure de licenciement, n'est-il pas vrai?

Le Directeur de la sécurité et la chargée de ressources humaines ne sont-ils pas des salariés de l'entreprise?

Expliquez-moi pourquoi, alors que la secrétaire de la CFDT, et moi même qui était à l'époque délégué syndical, avons nous fait l'objet de mesures de rétorsion et disciplinaires de la part de l'entreprise?

Ce qui est grave, dans le mode de fonctionnement que vous évoquez, c'est que l'attitude de la Direction que vous décrivez est bien celle qui est appliquée pour les petits salariés qui subissent pressions et intimidations de la part de "vos" partenaires sociaux, et c'est pour ces petits salariés (cadres inclus) que je me bats. Ils ne sont pas formés et n'ont aucun moyen de défense. Et effectivement, vous laissez faire!

Je pense nécessaire de redire une nouvelle fois le sens de mon engagement syndical au service des salariés de notre entreprise.

Pas pour moi, mais pour eux! Pas contre vous (il ne sert à rien de faire changer les têtes si les méthodes perdurent), mais pour la moralisation de l'entreprise!

Je ne vais pas vous déranger plus longtemps monsieur le Directeur, votre temps est précieux et le mien me coûte cher.

Je laisse donc le lecteur apprécier à juste titre votre courrier dont je prends acte.

Amitiés à tous et à toutes

Cyril LAZARO

Représentant du personnel CGT à Disneyland Paris

 

courrier-lamadon-23-04-13.jpg

 

En bonus exceptionnel, un article du 25 janvier 2013 qui prend tout son sens aujourd'hui

 

Souvenez-vous le 25 janvier 2013

 

Vendredi 25 janvier 2013

Risques psychosociaux

Suis-je dans un milieu anxiogène?

Mon Directeur était président du Comité d'Entreprise au moment de malversations massives.

Le nouvel élu au CHSCT était secrétaire du Comité d'Entreprise au moment de malversations massives.

Mon manager a voté pour l'élection du nouvel élu CHSCT.

Suis-je inquiet?

Pas du tout! Mais il parait que j'ai droit à une dernière volonté...

Si on doit me planter un couteau dans le dos, je souhaite que ce soit la RH qui le fasse. Elle au moins, elle a de jolis yeux!

 

Amitiés à tous et à toutes

Cyril LAZARO

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27 avril 2013 6 27 /04 /avril /2013 12:39
Soutien au Syndicat de la Magistrature
Et maintenant criminalisation de la liberté syndicale de penser en privé !
vendredi, 26 avril 2013

Si nous avions pu penser que l’ère des assauts à l’encontre du syndicalisme de lutte était terminée ou presque, l’actualité nous démontre qu’il n’en est rien ! Si nous avions pu espérer que la loi d’amnistie serait votée afin de décriminaliser l’action syndicale, l’actualité nous démontre qu’il n’en est rien puisque la Commission des lois, sur demande du gouvernement, vient de rejeter la proposition de loi.

Depuis deux jours le courroux politico-médiatique s’est abattu sans relâche sur nos camarades du Syndicat de la Magistrature. Les raisons invoquées sont disproportionnées et délirantes.

« Les déchainés du mur des cons », et leurs partenaires, leur reprochent donc, d’avoir acté leur liberté de penser syndicale, leur liberté de penser le fait et l’individu politique avec humour dans un local privé ! N’a-t- on donc plus le droit en France d’avoir de l’humour ?

Si nous avions pu penser que les agressions politiques et médiatiques menées à l’encontre du monde judiciaire, particulièrement à l’encontre des magistrats, durant cinq longues années étaient terminées nous nous leurrions. Si nous avions pu penser que l’ère de la défiance, des menaces, des moqueries, des atteintes graves au professionnalisme et à la réputation des magistrats était finie, nous nous trompions. L’actualité nous montre l’inverse.

Ce déchainement sans précédent étonne alors que dans le même temps des magistrats sont menacés de mort et rien n’est fait.

Après la criminalisation de l’action syndicale, après le rejet inacceptable du texte d’amnistie, nous sommes contraints de constater que la liberté de penser dans un lieu privé devient criminel.

Par contre, nous constatons que les propos et discours homophobes entendus ces derniers temps, les appels indirects à la haine ou les menaces de « guerre civile » de la part de responsables politiques, associatifs, religieux ne sont pas sanctionnés à la hauteur du danger que ces actes collectifs représentent pour notre Démocratie. Les violences verbales et physiques perpétrées au sein de l’Assemblée nationale par les représentants du peuple ne le sont pas non plus.

Certains ont le droit d’être hors la loi, d’autres non. Ce n’est pas nouveau, nous le savons !

Si un syndicaliste avait menacé de « guerre civile », il serait emprisonné sans sommations. Si des syndicalistes s’étaient réunis autour de l’Assemblée nationale en pleine nuit pour demander l’abrogation de l’ANI ou l’adoption de la loi d’amnistie alors, ordre aurait été donné à la police de leur tirer dessus avec des Flash Ball, fichés et leur ADN prélevé…

L’action et la pensée syndicale ne peuvent être criminalisées en Démocratie.

La CGT apporte son soutien au Syndicat de la Magistrature.

Montreuil, le 26 avril 2013

Source cgt.fr

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25 avril 2013 4 25 /04 /avril /2013 17:30

Un échange de courriers très musclé où la Fédé du Commerce continue à vouloir éliminer tous les syndicats qui ont du poids et qui combattent le patronat!

La réponse est une leçon de syndicalisme.

Réveille-toi Michèle Chay et regarde à Disney! Lors du procès des barbouzes, la CGT n'était même pas partie civile. C'est normal?

La CFDT, la CFTC, FO, et l'UNSA étaient partie civile et présents à l'audience. La CGT était nulle part, sauf moi, qui suis attaqué en diffamation par cette même CGT. Cela me rappelle la grève du 12 avril 2012, où une fois de plus j'étais le seul représentant de la CGT. Bizarre, non?

Cyril LAZARO

 

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Vous pouvez retrouver les 2 documents en PDF ci dessous

 

courrier Picard Fd Commerce et ports et docks 10 04 2013 courrier Picard Fd Commerce et ports et docks 10 04 2013

 

lettre CGT bureau conf-d-ral 23 04 2013 lettre CGT bureau conf-d-ral 23 04 2013

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25 avril 2013 4 25 /04 /avril /2013 13:52

De nombreux salariés m'ont remonté l'information que mon blog était censuré à Disneyland Paris pour les salariés qui ont un accès internet.

Incroyable!

Je n'ai pas pu le vérifier car je n'ai pas d'accès internet sur mon lieu de travail.

Si tel était vraiment le cas, je vois que Disney est très loin de se moraliser.

C'est vraiment triste pour cette Société.

Mon blog représente-t-il un danger terroriste?

Non Disney n'a pas changé, je dirais même que la situation a empiré pour les salariés.

Reprends ton code de déontologie Philippe Gas, tu fais rire tout le monde.

Quand aux autres dirigeants de l'entreprise, vous avez perdu toute crédibilité.

Après ce que j'ai entendu hier et ce que j'apprends aujourd'hui, aller jusqu'à censurer un petit blog, c'est honteux!

Vous vous croyez vraiment tout permis...

Votre gestion d'entreprise prend l'eau, ça m'écoeure tellement que je n'ai même plus envie d'en parler et encore moins de vous parler.

Et dire que pendant toutes ces années vous faisiez comme si de rien n'était. Tout va bien à Disneyland Paris. On est une société citoyenne....

Je vous le dis, tout votre argent ne pourra jamais racheter le respect de soi.

Vos salariés sont mille fois plus dignes de respect que ceux qui les dirigent, il n'y a aucun doute à cela, et si on espionnait ceux qui dirigent cette entreprise véritablement, qu'est-ce qu'on découvrirait d'autre?

Et je ne parle même pas de l'histoire du Comité d'Entreprise... Ah c'est vrai, j'oubliais, vous n'avez rien vu, à l'époque les méthodes d'espionnage n'étaient plus autorisées...

Amitiés à tous et à toutes

Cyril LAZARO

Représentant du personnel CGT à Disneyland Paris

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25 avril 2013 4 25 /04 /avril /2013 07:14

Disneyland Paris étant devenu une sorte de troll sur ce blog, j'ai décidé de la mettre entre parenthèses dans la mesure du possible pour en revenir à une activité syndicale plus sérieuse au sein de la CGT, au service des camarades en lutte.

Ceci sera donc un des derniers articles que j'écris sur Mickey.

Il y a aujourd'hui à Disneyland Paris une conférence sociale où je ne suis pas convié, il viendra le temps où c'est l'entreprise elle même qui me recherchera pour tenter de sortir de l'impasse dans laquelle elle végète et d'où elle est incapable de sortir.

Je reviens donc sur le procès des barbouzes, procès où certains propos des avocats de Disney n'étaient pas anodins et qui élèveront le niveau du débat pour ceux qui savent lire.

Les avocats de Disney ont parlé à la barre et déclaré :

"Ce que Disney a fait (en parlant de l'espionnage des salariés), toutes les grandes entreprises françaises du privé le font."

"Je fournis une attestation qui provient du préfet du Val de Marne, ancien salarié de Disney"

"Le projet Euro Disney a été soutenu aussi bien par la droite que par la gauche"

"Je fournis une jurisprudence qui provient d'un dossier qui s'est passé dans la grande Loge de France"

"Durant toute la procédure d'instruction, les parties civiles avaient tout loisir d'agir, elles n'ont rien fait"

"Ce que nous avons fait (en parlant de l'espionnage), c'est pour vous protéger (en parlant des organisations syndicales)"

Ces quelques phrases devraient suffire à faire comprendre à la Direction que je sais lire, écrire, et écouter!

Je n'ai pas besoin pour cela de revendiquer une quelconque appartenance à une obédience.

Je suis et je reste un homme libre, ce qui n'est pas le cas du panier de crabes qui dirige la gestion sociale de l'entreprise, où chacun s'est compromis avec un autre, à tel point qu'ils se retrouvent tous pieds et poings liés et qu'ainsi l'entreprise régresse chaque jour davantage au lieu de s'ouvrir pour apporter le bien être si nécessaire aux salariés.

Amitiés à tous et à toutes

Cyril LAZARO

Représentant du personnel CGT à Disneyland Paris

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25 avril 2013 4 25 /04 /avril /2013 07:10
Espionnage chez Ikea : deux hommes présentés au juge d'instruction

Nouveau rebondissement dans l'enquête sur l'affaire d'espionnage de salariés à Ikea France. D'après le parquet d'Avignon, deux hommes devraient être conduits, vendredi 26 avril, au tribunal de grande instance de Versailles pour être présentés devant Alain Gallaire, le juge d'instruction en charge de ce dossier.

Il s'agit de l'ancien directeur du magasin Ikea de Vedène (Vaucluse), près d'Avignon, et du responsable de la sécurité de l'établissement. Tout deux avaient été placés en garde à vue, mardi 24 avril, puis incarcérés à la maison d'arrêt du Pontet, dans la banlieue d'Avignon, dans l'attente de leur transfert. Un mandat d'amener avait été délivré à leur encontre. Ils pourraient être mis en examen par le magistrat instructeur, vendredi.

L'actuel directeur du magasin d'Avignon et un autre salarié de ce point de vente avaient également été placés en garde à vue. Ils ont recouvré leur liberté, mercredi. Parallèlement, un commandant de police, responsable du service départemental de l'information générale (ex-Renseignements généraux), et son ex-secrétaire avaient été entendus, mardi, par les enquêteurs ; leur garde à vue a été levée. Mardi, le magasin Ikea de Vedène avait été perquisitionné par des policiers.

DONNÉES EXTRAITES DE FICHIERS POLICIERS ET ADMINISTRATIFS

Ces opérations s'inscrivent dans le cadre de l'information judiciaire ouverte en 2012 par le parquet de Versailles. Ikea France est soupçonné d'avoir mis en place un système consistant à vérifier les éventuels antécédents judiciaires des personnes embauchées par l'enseigne.

La direction aurait fait appel à des prestataires qui recueillaient les informations souhaitées grâce à la consultation, en toute illégalité, de fichiers policiers.

L'affaire avait éclaté fin février 2012 à la suite de courriels révélés par Le Canard Enchaîné et par Mediapart. Ces documents pouvaient laisser penser qu'Ikea se renseignait sur les éventuels antécédents judiciaires de son personnel en faisant appel à des prestataires qui obtenaient eux-mêmes des données extraites de fichiers policiers et administratifs.

Quelques semaines après l'ouverture d'une enquête par le parquet de Versailles, début mars 2012, la direction d'Ikea France avait exprimé des regrets sur ces pratiques "contraires aux valeurs et à l'éthique de l'entreprise".

En mai, quatre hauts cadres avaient été licenciés, dont l'ancien directeur général d'Ikea France, Jean-Louis Baillot, et l'ancien responsable de la sécurité du distributeur de meubles, Jean-François Paris. Dans un entretien au Monde, ce dernier avait admis l'existence d'un système consistant à se renseigner sur le pedigree judiciaire des personnes embauchées par Ikea. Il avait indiqué que ces usages s'étaient développés à la demande de M. Baillot – ce que l'intéressé avait démenti.

Le 22 janvier 2013, le juge d'instruction de Versailles, Alain Gallaire avait procédé aux deux premières mises en examen dans cette affaire d'espionnage.

M. Paris, est notamment soupçonné d'avoir collecté "des données à caractère personnel par un moyen frauduleux, déloyal ou illicite". Autre incrimination retenue à son encontre par le magistrat instructeur : "la divulgation de secret professionnel" et "la complicité de violation de secret professionnel".

Sylvie Weber, qui fut l'adjointe de M. Paris et qui travaille toujours chez Ikea France dans le département "risque", avait également été mise en examen quelques heures avant M. Paris.

Source lemonde.fr

 

« Terrorisme », « pédophilie » : Disney fouinait dans le passé des salariés

En 1996, sa retraite de gendarme en poche, Gilles Davennes cherche un nouveau monde magique où exercer ses talents. Il s’établit comme enquêteur privé et commence à bosser pour des compagnies d’assurance qui traquent les fraudeurs.

L’année suivante, Eurodisney l’appelle pour lui proposer un contrat en « prévention des risques » à 240 000 francs par an hors taxe (46 500 euros). Davennes n’imaginait pas que le marché le conduirait au tribunal correctionnel de Meaux, ce mercredi 24 avril.

Gilles Davennes et un autre ex-gendarme, Denis Labelle, sont accusés d’avoir fourni à Disney des centaines, voire des milliers de renseignements obtenus illégalement sur des salariés du parc d’attractions.

Ils ont agi grâce à l’intervention d’un gendarme en exercice, Carlos Andrés, renvoyé avec eux devant le tribunal mais décédé entre-temps. La société Eurodisney comparaît en tant que personne morale. Plusieurs syndicats se sont constitués parties civiles.

De 750 à 2 500 salariés écartés en deux ans

La manœuvre, rodée, tous l’admettent. Le correspondant de Gilles Davennes chez Eurodisney – un ancien militaire aussi, recruté aux ressources humaines – lui fournissait une liste de noms. Des salariés en période d’essai chez Mickey, sur lesquels il souhaitait se renseigner.

Denis Labelle, associé de Davennes dans cette opération illégale, demandait à Carlos Andrés, avec qui il avait travaillé, de « passer au fichier » les salariés pour connaître leurs antécédents judiciaires. La routine pour un gendarme : fichiers Judex, Stic (dépendant de la police mais auquel il avait également accès dans son service), voire le fichier des automobiles.

Le résultat remontait par le chemin inverse : d’Andrés à Labelle, de Labelle à Davennes, de Davennes à Eurodisney. Si les salariés « vérifiés » avaient été mis en cause dans une affaire jugée gênante, on les débarquait.

Combien de candidats écartés, d’employés sommés de partir ? 2 500 dans les deux ans qui occupent l’audience, selon les enquêteurs. « De 750 à 1 000 », pour Carlos Andrés lors de l’instruction.

« Erreur d’appréciation »

Le président du tribunal, Eric Ruelle, pointe les deux difficultés du dossier : « des responsabilités enchevêtrées » et « peu de traces écrites ».

Pour se justifier Eurodisney évoque une vieille affaire d’agression sexuelle sur mineurs, commise par un employé sur un jeune visiteur. L’entreprise invoque également le risque terroriste. Le contexte de l’époque était particulier : l’affaire Dutroux vient d’éclater, la France a connu une vague d’attentats islamistes.

La direction espérait donc « renforcer la sécurité sur le site » qui emploie 15 000 salariés, avance Gilles Dobelle, émissaire Eurodisney dans ce procès. Lui est arrivé à la direction juridique de l’entreprise en 2011.

Droit dans son costume bleu marine et rasé de près, il ne cesse de répéter qu’il n’a « pas d’éléments » pour expliquer les décisions de l’époque. Il plaide « l’erreur d’appréciation » et rappelle que l’entreprise elle-même a demandé une enquête au procureur par la suite.

Dans la salle d’audience, les syndicalistes d’Eurodisney se tortillent sur leur banc. Il lâchent de temps en temps un « c’est faux ! » « pfffff » ou « on n’entend pas ! ». Juste derrière, le responsable de la communication de l’entreprise leur oppose des « chut » indignés et quelques grommellements.

Pédophilie et terrorisme

Cheveux blancs et dégarnis, regard de faucon caché derrière un long nez, Gilles Davennes tonitrue, l’index tendu :

« Je me mords les doigts d’être resté de fait le gendarme que je n’étais plus en droit. »

Il exerçait le métier de « gendarme de fait » pour plusieurs clients, dont le parc Astérix et des compagnies d’assurance. Ses investigations un peu poussées et pas toujours légales l’ont déjà fait condamner en 2010 à huit mois de prison avec sursis, pour corruption active, complicité de violation du secret professionnel et recel.

Dans l’affaire Eurodisney, Davennes « assume » ce qu’il a fait « pour protéger tout le monde ». Avec aplomb, il lance :

« Vous êtes sûr, monsieur le procureur, qu’on n’a servi à rien sur le plan de la sécurité ? »

L’enquêteur affirme avoir ciblé « tout ce qui touche au sexe et au terrorisme ». Le procureur Ludovic Hervelin-Serre balaie le terrorisme, qu’il qualifie de « prétexte ». De leur propre aveu, les prévenus n’espéraient pas récolter une quelconque information dans ce domaine, mais transmettaient les noms des salariés au cas où la DST trouverait opportun de s’en saisir. De fouineurs, ils se transformaient en indics.

Risques d’attentats et de pédophilie mis à part, les documents retrouvés dans l’entreprise évoquent des faits « manifestement plus larges », rappelle le président : vol à l’étalage, usage de stupéfiants, dégradations.

Qui a été trop gourmand ? Davennes et Labelle finissent par admettre qu’au bout d’un moment, ils ont transmis à Disney tout ce qu’ils trouvaient « pour montrer que le travail était bien fait ».

Des places de cirque gratuites

Plus bonhomme que son acolyte, avec son look de préfet presque chaleureux, Denis Labelle est soupçonné d’avoir « fluidifié » les relations avec le gendarme Andrés à coup de places de cirques gratuites, de repas et d’un prêt de 600 euros.

« Andrés m’a dit qu’il avait des difficultés financières énormes, bien évidemment j’ai accepté de l’aider. Je n’aurais jamais payé pour des informations. J’ai compté sur lui et il a toujours répondu présent. »

Les accusations de corruption, son coprévenu les balaie, ulcéré :

« La corruption entre gendarmes, ça n’existe pas. Si quelqu’un veut bien donner les informations, il les donne. S’il ne veut pas, il ne les donne pas. »

Pas convaincu, le procureur requiert six et huit mois de prison avec sursis contre Labelle et Davennes, assortis d’amendes de 3 000 et 4 000 euros.

La responsabilité d’Eurodisney engagée

Au détour d’une phrase, Gilles Davennes prend l’air du type prêt à balancer, mais pas tout à fait quand même :

« Quand j’ai été recruté, on m’a dit qu’il y avait d’autres sources d’information, ça m’a rassuré. Je me disais qu’on n’était pas les seuls à avoir renseigné Eurodisney. Il y avait des recoupements, ils ne faisaient pas n’importe quoi. »

C’est bien la responsabilité de l’entreprise, in fine, qui est engagée. L’avocat de la CFDT, Jean-Toussaint Giacomo, déplore « l’appropriation et le dévoiement des données par un acteur économique privé, sans aucune limite » :

« Parmi les dirigeants concernés, trois sont toujours en poste à Eurodisney. Aucune sanction n’a été prononcée, et certains ont même été promus. »

« Cette pratique, elle existait pour toutes les grandes entreprises, il faut que vous en ayez conscience ! » avance l’avocate du groupe, Me Magali Thorne. La seconde, Me Emmanuelle Kneusé, estime que « l’objectif principal, c’est la sécurité, pas d’aller fouiner dans le passé des salariés ».

Plusieurs responsables des ressources humaines et de la sécurité se sont succédé pendant sept ans sans mettre un terme au contrat. « Quel est le message envoyé aux salariés ? » interroge l’avocat de l’Unsa. Au total, les parties civiles réclament plus de 150 000 euros de dommages et intérêts.

« A une préoccupation légitime de sécurité, Eurodisney a donné une réponse illégitime », conclut le procureur. Il demande que l’entreprise soit condamnée à 100 000 euros d’amende. Le jugement doit être rendu le 27 juin.

Grands absents de ce procès, les salariés espionnés n’ont, pour la plupart, jamais su pourquoi leur période d’essai s’était conclue par un renvoi. Un seul ancien d’Eurodisney s’était porté partie civile. Puis il s’est désisté : la semaine dernière il a conclu un accord avec l’entreprise, dont les conditions resteront secrètes. Dans la salle, il bout mais tente de se taire.

Source rue89.com

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24 avril 2013 3 24 /04 /avril /2013 22:51

Deux ex-gendarmes sont accusés d'avoir mené des enquêtes illégales dans les fichiers de la police sur des candidats à l'embauche.

Eurodisney est le premier employeur de Seine-et-Marne. Eurodisney est le premier employeur de Seine-et-Marne


Accusé d'avoir fait enquêter illégalement d'anciens gendarmes sur des milliers de salariés et candidats, Eurodisney a invoqué mercredi la lutte contre le terrorisme et la pédophilie, "prétextes" balayés par le procureur de Meaux qui a requis 100 000 euros d'amende. "L'objectif numéro un, c'était la sécurité, et pas d'aller fouiller dans le passé des salariés", a plaidé devant le tribunal correctionnel Emmanuelle Kneusé, l'une des avocates d'Eurodisney. Le groupe, premier employeur de Seine-et-Marne, a fait procéder à des milliers de consultations illicites des fichiers entre 1997 et 2004. Elles devaient permettre de "renforcer la sécurité de nos visiteurs", a justifié le directeur juridique d'Eurodisney, Gilles Dobelles. Le parc de Marne-la-Vallée craignait notamment un attentat ou des agressions pédophiles, alors qu'il reçoit des millions d'enfants chaque année. Le contrat avec les anciens gendarmes avait été signé après le viol d'un enfant par un employé. "S'il y avait une catastrophe, un attentat terroriste, les syndicats viendraient nous rechercher pour ne pas avoir mis au point tous les dispositifs de sécurité nécessaires", a estimé Emmanuelle Kneusé.

Depuis les faits, Eurodisney n'a sanctionné aucun responsable, et l'un d'eux, Eric Marion, est toujours chef de la sécurité. Pour le procureur Ludovic Hervelin-Serre, le terrorisme "n'avait qu'une valeur de prétexte". La preuve : des informations sur bien d'autres délits, du vol aux violences conjugales, ont été consultées. De plus, comme l'a reconnu un des gendarmes, Eurodisney n'avait aucune chance de repérer un terroriste en puissance, car il aurait fallu pour cela s'adresser aux services de renseignements, et non consulter les fichiers de police (Stic) ou de gendarmerie (Judex), qui recensent principalement les auteurs et victimes d'infractions.

"Gros sur le coeur"

Le procureur a requis une peine d'amende de 100 000 euros pour "recel de corruption active", "de violation du secret professionnel" et "de détournement de données informatiques confidentielles". Un montant élevé, "mais qui aurait un sens au regard d'une société comme Eurodisney". Six à huit mois de prison avec sursis, assortis de 3 000 à 4 000 euros d'amende, ont été requis à l'encontre des deux anciens officiers de gendarmerie, Gilles Davennes et Denis Labelle. Ceux-ci, venus assister à l'audience en costume gris, la mine sévère, ont reconnu une partie des faits, mais ont contesté avoir corrompu les gendarmes en exercice qui consultaient les fichiers pour eux. Ils se partageaient 240 000 francs (37 000 euros) par an, versés par Eurodisney pour leurs services. "Je me mords les doigts d'être resté en fait le gendarme que je n'étais plus en droit", a dit Gilles Davennes, déjà condamné en 2010 pour des faits similaires et qui a reconnu par ailleurs avoir fait consulter illégalement des fichiers pour le Parc Astérix.

Reconvertis dans le renseignement privé dès le lendemain de leur départ à la retraite, les deux anciens officiers ont expliqué que cette pratique n'était pas inhabituelle parmi les anciens membres des forces de l'ordre. "On en apprend plus que ce que vous croyez" en appelant un poste de gendarmerie pour se renseigner sur une personne, "même en se présentant comme enquêteur privé", a lancé Gilles Davennes. "J'en ai gros sur le coeur (...), j'ai été abandonné par tout le monde", a ajouté cet ancien capitaine, laissant ensuite clairement entendre qu'Eurodisney avait d'autres sources d'informations illicites au sein des forces de l'ordre. "C'était pour vous protéger tous !" s'est écrié cet ancien capitaine de gendarmerie en se retournant vers les syndicats de salariés, venus assister à l'audience. Ces derniers ont vivement critiqué les réquisitions du procureur. "Ce n'est pas cher payé. Ils (Eurodisney, NDLR) ont largement les moyens. Le chèque est déjà prêt", a ainsi déploré un représentant de l'UNSA, Slimane Houdjal. Le jugement a été mis en délibéré au 27 juin.

Source lepoint.fr

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24 avril 2013 3 24 /04 /avril /2013 22:18

Ceux qui me poursuivent au tribunal pour diffamation n'étaient même pas présents au tribunal....

Honteux! Le sort des salariés n'est vraiment pas leur priorité!

La CFDT, la CFTC, FO et l'UNSA étaient présents et partie civile.

Amitiés à tous et à toutes

Cyril LAZARO

 

 

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