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13 mars 2015 5 13 /03 /mars /2015 18:55

Cadre CFDT, il est chargé par le FN de lui ramener des syndicalistes

Dominique Bourse-Provence, juge CFDT au Conseil des prud'hommes de Paris, a été candidat Front national à Paris en mars 2014, au grand dam de son syndicat qui voudrait le "démissionner". Et il vient d'être chargé par le FN de rallier des cadres syndicaux, prenant pour exemple son "long cheminement idéologique" vers le FN.

De la gauche "Touche pas à mon pote" au Front national de "Marine". Dominique Bourse-Provence, syndicaliste depuis une vingtaine d'années à la CFDT et juge aux prud'hommes de Paris, adhère depuis trois ans au parti de Marine Le Pen. L'ex-militant de gauche, rallié comme de nombreux collègues CGT ou encore FO à la "préférence nationale", vient d'être missionné par le FN local pour créer un "Front syndical". Son rôle : chapeauter la conversion des cadres syndicaux à son parti.

Sa conversion à lui, bruyante, gêne beaucoup la CFDT. Depuis sa candidature FN dans le 10e arrondissement aux municipales de mars 2014, sa direction le prie poliment, mais vainement, d'abandonner son mandat aux prud'hommes. Pas moyen, en effet, de l'exclure, comme ce fut le cas pour un autre syndicaliste CFDT de Vendée. Dans un courrier adressé il y a un an, la CFDT de Paris lui demandait de "mettre en adéquation ses engagements passés et ses choix d'aujourd'hui". "Je n'ai aucune envie de démissionner, se plaît à rétorquer Dominique Bourse-Provence, interrogé par metronews. Je paye mes cotisations. Ils peuvent m'exclure du syndicat mais pas m'ôter mon mandat. Ça ne leur servira à rien. D'ailleurs, s'ils m'excluent, j'irai en justice."

La "préférence nationale" est-elle soluble dans la CFDT ?

Et manque de chance pour la CFDT, le juge des prud'hommes a décidé de faire de son cas un exemple. "Quand vous adhérez à un syndicat, on ne vous explique jamais qu'on vous refusera parce que vous avez pour valeur la préférence nationale", argumente cet ancien enseignant, aujourd'hui coach en management et en développement personnel.

Le cadre CFDT, ancien "électeur de François Mitterrand", nous explique le "lent cheminement idéologique" qui l'a amené à faire carrière au FN. Son "déclic" : l'arrivée de Marine Le Pen à la présidence du parti en 2011. "Elle a mis le parti en ordre de marche et elle a apporté de la cohérence sur le plan économique et social", estime celui qui dénonce désormais "la trahison" des dirigeants syndicalistes qui ont "accompagné la désindustrialisation de la France" et "l'enfumage de l'UMPS". Qu'importe qu'une frange du FN soit restée très libérale et pas vraiment sociale : l'important, selon lui, "c'est la ligne majoritaire" défendue par l'actuelle présidente du parti.

"Une manœuvre" du FN

A la CFDT, où un argumentaire a été publié pour contrer le FN, la prudence est de mise. "C'est une manœuvre de sa part, juge Jean-Louis Maylis, secrétaire national en charge des relations avec les partis politiques. Le FN veut nous agresser. C'est lui qui soulève ce problème. Nous, nous ne cherchons pas à savoir pour qui votent nos adhérents". Tout en menaçant le syndicaliste : "Oui, il peut être exclu. Quand on adhère à la CFDT, on adhère à ses valeurs, contraires à la préférence nationale. Il peut être exclu, sauf s'il prend l'engagement de ne plus se revendiquer publiquement du FN".

Un peu tard pour cela... Dominique Bourse-Provence, qui envisage clairement une carrière politique, l'assure : trois cadres CFTC, CGT et FO – dont un "d'envergure nationale", qu'il refuse de nommer – se sont déjà rapprochés de son "Front syndical", ainsi que des syndicalistes de "la base". "Il y en aura d'autres", assure-t-il. Jean-Louis Maylis conteste, affirmant avoir dénombré "tout au plus huit cas de ralliement au FN en 10 ans à la CFDT". Qu'importe pour le FN, c'est la dynamique qui compte : avec 30 % d'électeurs dans les sondages, raisonne le partisan de Marine Le Pen, "il y a forcément des syndicalistes parmi eux".

Source metronews.fr

Souvenez-vous, c'était en février 2014

 

Municipales: les syndicalistes qui rejoignent le Front national 

Ils sont à la CGT, à FO, à la CFTC, à la CFE-CGC, à la CFDT ou à l’Unsa et ils sont candidats FN aux municipales, parfois comme têtes de liste.

D’après le FN, de nombreux syndicalistes auraient rejoint le parti de Marine Le Pen, notamment depuis 2011. Sans être spectaculaire, cette progression inquiète les centrales syndicales.

 

« Oui, je suis FN et syndicaliste, et alors ? » Jean-François Delcroix, tête de liste Front national à Méricourt, dans le Pas-de-Calais, ne voit pas où est le problème. 

Oui, cet ancien adhérent communiste a été longtemps militant à la CGT, comme délégué syndical, puis comme responsable de l’union locale de Lens, avant d’en partir en 1998, parce qu’il s’estimait mal défendu par son syndicat lors d’un conflit aux prud’hommes. Après un court passage à la CFTC, ce candidat de 59 ans, actuellement au chômage, a désormais « rallié Force ouvrière »

Et, oui, il se présente comme tête de liste Front national à Méricourt, face au communiste Bernard Baude, à qui il espère bien ravir la mairie. « Jean-Marie Le Pen n’était pas ma tasse de thé. Mais les idées de Marine Le Pen, ça va, je m’y retrouve. Ici, en pleine cité minière, on a eu besoin des immigrés, on ne va pas demander à leurs enfants de s’en aller. Mais on ne peut plus en faire entrer d’autres. Il faut dire les choses. »

« Remettre du protectionnisme »

Christiane Gondard, cadre dans le tourisme et l’hôtellerie et « cotisante à la CFDT à titre personnel mais pas militante », vote, elle, pour le FN « depuis qu’il présente des candidats »

Mais c’est sa rencontre avec Marine Le Pen, en septembre dernier, qui l’a poussée à s’engager en politique, où elle veut défendre « la nécessité de remettre du protectionnisme pour défendre nos intérêts nationaux ». À Pont-Saint-Esprit, dans le Gard, autre mairie où le FN aurait des chances de l’emporter, elle sera tête de liste du Rassemblement bleu Marine (RBM) en mars prochain.

À Carcassonne, dans l’Aude, c’est un autre adhérent syndical, Robert Morio, surveillant pénitentiaire encarté à l’Ufap, syndicat rattaché à l’Unsa, mais « sans mandat », précise-t-il, qui portera les couleurs du FN aux municipales.

À Saint-Germain-lès-Arpajon, dans l’Essonne, un cadre, syndicaliste à la CFE-CGC, Pascal Voirin, délégué syndical à STP, une filiale de La Poste, mènera la liste RBM. « Dans mon entreprise, où je suis manager et où il y a plus de 60 % de personnes étrangères, tout le monde est au courant et on ne m’embête pas. Énormément de personnes sont déçues à la fois par les politiques et les syndicats. »

Des candidats exclus par leurs syndicats

D’autres candidats FN ont déjà été exclus de leur syndicat. Ainsi, à Issoire dans le Puy-de-Dôme, Dominique Morel, viré de la Fédération nationale des chauffeurs routiers pour appartenance au FN, mènera la liste RBM. 

Surtout, le médiatique Fabien Engelmann, 33 ans, exclu de la CGT – il était responsable d’un syndicat dans l’administration territoriale – à cause de sa candidature FN aux cantonales de 2011, sera, lui, tête de liste FN à Hayange, en Moselle. 

Avec comme numéro deux Marie Da Silva, ex-cégétiste aujourd’hui déléguée du personnel FO. « Je présenterai ma liste le 22 février et il y aura d’autres syndicalistes, notamment un électricien CFDT, et des gens de FO et de la CFTC », précise Fabien Engelmann. 

FO et la CGT, les plus concernés

Un peu plus loin, à Metz, Thierry Gourlot, dont la double appartenance au FN et à la CFTC est connue depuis 1995, sera numéro deux. À Elbeuf, en Haute-Normandie, le cégétiste Nicolas Goury se présente sur la liste du dirigeant frontiste Nicolas Bay.

Bref, peu à peu, les cas se multiplient. « Et vous verrez que d’ici à la clôture des candidatures le 6 mars, il y en aura d’autres, affirme Fabien Engelmann, désormais conseiller social de Marine Le Pen. Car on a des centaines de syndiqués sur les listes, même si tous ne le diront pas, par peur des représailles. » 

« On a surtout du monde à FO et à la CGT, précise-t-il. On a même deux taupes à la direction de Montreuil… L’enjeu, c’est de peser sur le prochain congrès pour éviter que la CGT mène des campagnes sans avoir le mandat pour ça, comme elle l’a fait en défendant les sans-papiers. »

Un phénomène à la marge ? 

Simple bluff ou vraie percée ? « Le phénomène des syndicalistes qui se présentent sous la bannière FN reste à la marge, estime Luz Mora, de l’association de syndicalistes anti-FN Visa. Mais ce qu’on observe, c’est la contagion des idées. » 

Le phénomène serait notamment palpable dans la fonction publique, où le FN, qui pourfendait autrefois l’État, multiplie désormais les initiatives, depuis la Lettre aux fonctionnaires adressée par Marine Le Pen à son réseau en 2012 et la création du collectif d’enseignants Racine en 2013. 

« Je ne pense pas qu’on retrouvera de gros bataillons de syndicalistes sur les listes du FN, nuance cependant Thierry Choffat, enseignant chercheur à l’université de Lorraine. En revanche, il y a volonté de les mettre en avant, car ils incarnent bien le changement de l’électorat frontiste. Alors qu’au départ, leur public, c’était plutôt les commerçants et les artisans, désormais, le FN est le premier parti chez les ouvriers. Dans les années 1990, les mégrétistes avaient tenté de créer un relais en constituant des syndicats FN dans la police, la pénitentiaire ou l’éducation, mais tous ont été interdits par la justice. L’affaire de l’exclusion d’Engelmann, en 2011, a permis de redonner de la visibilité à cette évolution. »

Quitter les mandats syndicaux

Face à cette évolution, les confédérations cherchent la parade. À la CGT, la FSU et Solidaires, qui ont organisé un meeting commun fin janvier, on plaide « l’incompatibilité entre les valeurs du FN, comme la préférence nationale, et les nôtres », explique Pascal Debay, chargé du dossier à la CGT. La centrale a choisi d’exclure tout candidat FN. 

À la CFTC, comme à FO, on n’exclut pas, mais on demande aux candidats FN de se défaire de leurs éventuels mandats syndicaux. 

La CFE-CGC vient d’envoyer à son réseau des instructions encourageant « vivement » ses adhérents à « s’impliquer dans la vie citoyenne » « selon le choix personnel de tout un chacun », tout en leur demandant de « ne jamais se prévaloir directement ou indirectement » de leur appartenance à la CFE-CGC. 

Quant à la CFDT, qui avait en 2011 exclu un candidat FN aux cantonales, elle se prépare à publier prochainement son propre argumentaire anti-FN.

Source la-croix.com du 13/2/14

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