Non, la CFDT n'oublie pas les fonctionnaires. C'est en tout cas le message qu'elle tente depuis hier de faire passer au plus près du terrain, avec pas moins de 150 visites (hôpitaux, prisons, lycées, etc.) au programme des secrétaires nationaux d'ici à demain soir. Cette opération de séduction fait suite aux doléances de délégués CFDT du public lors du congrès de juin dernier, où ils avaient reproché à la confédération de trop peu relayer les difficultés des agents face à la réforme de l'Etat, quand un Jean-Claude Mailly (FO), par exemple, en a fait un de ses chevaux de bataille.
Il y a d'autant plus urgence à repartir au contact de la base que des élections cruciales se tiendront le 20 octobre dans la fonction publique d'Etat et à l'hospitalière (la territoriale ne votera qu'en 2014). Elles marqueront l'entrée en vigueur de la réforme de la représentativité dans le public. Or, si la CFDT a bien regagné des troupes dans le privé depuis sa crise post-2003 (soutien à la réforme Fillon des retraites), elle peine toujours dans la fonction publique. En huit ans, ses résultats électoraux y ont chuté de 3 à 4 points dans les trois versants. L'hémorragie semble jugulée mais, avec 11,3 % des voix, elle n'occupe plus que la cinquième place au sein de l'Etat et risque de perdre localement sa représentativité, notamment à la Justice ou à l'Agriculture.
Atout caché
Sur le fond, son discours mesuré peine à s'y faire entendre face aux approches plus offensives et corporatistes d'autres syndicats. Et le flou de certaines de ses positions, par exemple sur le rapprochement des régimes de retraite public et privé, n'aide pas.
Pour regagner des voix, François Chérèque a beaucoup durci son discours sur la réforme de l'Etat depuis des mois. La CFDT mise aussi sur un discours plus concret et pragmatique, construit sur la base des témoignages recueillis d'ici à demain soir. « L'objectif est d'inscrire durablement la question du travail et de la gestion de l'emploi dans nos axes revendicatifs », a-t-elle précisé hier.
Il n'est pas sûr que cela suffise, mais elle dispose aussi d'un atout caché : pour la première fois, les 860.000 non-titulaires pourront voter cet automne. Or, comme on l'explique au sein d'un autre syndicat, « la CFDT travaille sur ce public depuis plus longtemps que les autres et pourrait y glaner beaucoup de voix ».
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