Les faits - Bien des dérives des instances supposées servir les salariés ont éclaté au grand jour. A ce jour, on attend toujours les sanctions.
SNCF: les syndicats se payaient sur la bête
Les 26 et 27 juin s'est tenu à Lyon un procès hors norme : huit fédérations syndicales régionales de cheminots se sont retrouvées devant le tribunal correctionnel de Lyon. Elles sont accusées d'abus de confiance et de faux et usage de faux, en d'autres termes de s'être servies largement dans le budget de fonctionnement du Comité régional d'entreprise de la SNCF, soit tout de même 500.000 euros par an. Cela aurait commencé en 1995 et « pour la seule période de prévention, de janvier 2002 à décembre 2006, le montant dépasse le million d'euros», a rappelé le procureur lors du procès. Formations bidons qui étaient en fait des réunions syndicales, paiements de tracts, sièges de bureau, ordinateurs, toutes sortes de faux frais syndicaux : au total, les organisations syndicales se seraient adjugé près de 67% du budget de fonctionnement sans sourciller. L'avocat de la CGT réfute en bloc ces accusations. « Le seul système mis en place est celui de la débrouille», a-t-il déclaré au procès. Verdict attendu le 26 septembre.
RATP : perquisitions en série
En juin, la brigade financière a fait une descente au siège du Comité régie d'entreprise de la RATP à Bagnolet. Les enquêteurs auraient porté une attention particulière aux bureaux du secrétaire du CE, du comptable et du trésorier, élus CGT. Ils se sont aussi rendus au domicile de l'ancien patron et de l'ex-trésorier du CE. En décembre 2011, la Cour des Comptes avait rédigé un rapport au lance-flammes sur la gestion du comité d'entreprise de la RATP, doté d'un budget de 83 millions d'euros par an, en concluant : « le caractère systématique des errements conduit à penser qu'ils ne sont la conséquence ni de hasards malheureux, ni de défaillance humaine.» On peut difficilement être plus clair. La Cour des Comptes avait en fait saisi le parquet de Paris, avant la publication du rapport, en juillet 201, à la suite de quoi, une enquête préliminiaire avait été ouverte en septembre. La justice est lente, mais elle suit son cours.
Eurodisney : un accusé seulement
Amadou N'Diaye, ex-secrétaire général (CGT) du comité d'entreprise du parc d'attractions, a été mis en examen en 2010, suite à une plainte déposée par FO. Il est soupçonné d'avoir détourné 500.000 euros sur le budget du comité d'entreprise. Un rapport d'expertise des comptes du CE de Disneyland Paris, portant sur la période 2001-2010, avait été transmis au tribunal de grande instance de Meaux. Ventes de billets fictives, espèces manquantes, charges non justifiées auprès du prestataire de voyages auraient permis ces détourments sur un budget annuel de 2,5 M€, sans qu'on sache pour l'instant comment ces sommes détournées auraient été utilisées. Amadou N'Diaye, lui, conteste les faits. « On va se rendre compte que les dysfonctionnements ne sont pas de mon fait et qu'ils existaient avant moi. Laissons la justice faire son travail », a-t-il déclaré lorsque les révélations ont été faites. Il est toujours employé d'Eurodisney.
EDF GDF: une dizaine de dirigeants du CE en correctionnelle
La Caisse centrale des activités sociales (CCAS) du personnel des industries électriques et gazières gère près de 650 millions d’euros en 2012. Véritable Etat dans l’Etat, Ce super Comité d'entreprise emploie 5000 agents. Sa gestion a fait l'objet de multiples mises en garde de la Cour des comptes mais aussi d’une poursuite en justice. Une dizaine de dirigeants du CE, la CGT et la Fédération des mines et de l’énergie ont été renvoyés en correctionnelle. Et la charge est lourde : soupçons d’emplois fictifs, « paiements effectués par la CCAS pour des prestations au profit d’organisations proches de la CGT », «recours à des fournisseurs dont les prix étaient anormalement élevés », subventions pour la Fête de l’Huma, l’instruction est en cours.
Par Irène Inchauspé, Journaliste Source lopinion.fr