Jérôme Cahuzac avait en 2010 "une petite bombe entre les mains" selon Mediapart, qui dévoile l'affaire lundi matin. A savoir des informations concernant les activités illicites de la banque britannique HSBC. Pourtant, alors président de la commission des finances de l'Assemblée nationale, il n'a rien fait.
L'ex-ministre du Budget, dont la carrière politique a été depuis brisée par le scandale de son compte secret en Suisse, aurait reçu de la part d'Arnaud Montebourg, alors député, des informations sur l'établissement bancaire concernant des suspicions de blanchiment de fraude fiscale et de démarchage illicite. Ces éléments provenaient des révélations faites par un ancien informaticien de la banque, Hervé Falciani, entendu par la justice espagnole. Sur la base de ces informations, plusieurs enquêtes avaient d'ailleurs été ouvertes en Espagne, en Italie, en Belgique ainsi qu'aux Etats-Unis.
Dessaisi du dossier
La France avait également lancé une procédure : l'établissement était alors la cible d'une enquête préliminaire ouverte par le parquet de Nice. Mais, selon Mediapart, le procureur de Nice Eric de Montgolfier , a été rapidement dessaisi du dossier. L'ordre émanait du ministère de la Justice, alors dirigé par Michèle Alliot-Marie, précise le site. A noter que depuis une information judiciaire a été ouverte sur la banque britannique.
Quoi qu'il en soit, à l'époque, alerté de la teneur du dossier, Arnaud Montebourg aurait transmis les éléments de l'affaire à Jérôme Cahuzac, les fameux PV de l'audition de Hervé Falciani par la justice espagnole. Il pensait trouver chez le président de la commission des finances un allié de poids pour faire avancer l'enquête au niveau parlementaire "en dehors des voies judiciaires". Mediapart fournit ainsi dans son article une copie de la lettre adressée alors par Arnaud Montebourg à Jérôme Cahuzac.
"Liste des 3000"
Mais ce dernier n'a jamais rien entrepris. Or, précise le site d'information, une raison personnelle pourrait expliquer l'absence de réaction de l'ancien ministre du Budget : au moment des faits, son frère, Antoine Cahuzac, était l'un des dirigeants de la filiale française de HSBC. Il avait ainsi intégré le comité exécutif de HSBC Private Bank France en 2008. Et il était même devenu président du directoire de l'établissement en 2011. Il a depuis quitté la banque et a rejoint la direction d'EDF Energies nouvelles en janvier 2012.
Interrogé par Mediapart, le député UMP Gilles Carrez, alors rapporteur général de la commission des finances de l'Assemblée assure que Jérôme Cahuzac ne lui a jamais parlé de ces informations. Il reconnait toutefois avoir eu vent de la démarche d'Arnaud Montebourg qui tentait de "court-circuiter" la justice. Démarche que Gilles Carrez avait alors "désapprouvée": "Il n'y avait pas à entreprendre de démarches parallèles qui risquaient de brouiller le dossier", déclare-t-il à Mediapart.
Pourtant, selon des informations révélées par Le Parisien dimanche, Jérôme Cahuzac aurait malgré tout agi dans cette affaire. Mais pas comme l'espérait Arnaud Montebourg. Ainsi, le quotidien a affirmé que l'ex-ministre était allé discrètement consulter en 2010 à Bercy la "liste des 3000". Un fichier de noms des fraudeurs français supposés établi grâce aux révélations de Hervé Falciani... Mais selon le Parisien, on ignore pour quoi faire...
Source lci.tf1.fr