Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
6 septembre 2010 1 06 /09 /septembre /2010 21:16
Lundi 6 septembre 2010 1 06 /09 /2010 14:01

 

Après demande d'autorisation auprès de l'éditeur de cette lettre nous avons eu l'autorisation de la publier sur notre blog. Tout se passe de commentaire, c'est bouleversant.

  De : Richard SJ - Envoyé : mardi 31 août 2010 10:46

 Objet : Décès Véronique

 Bonjour,

 Je suis Richard Saint-Jean, le mari de Véronique Soulage Saint-Jean.

 Je viens vous apprendre une nouvelle épouvantable : Véronique a décidé de nous quitter dans la nuit de vendredi à samedi.

 Je me suis permis de regarder son carnet, j'ai trouvé vos adresses, certaines sont certainement erronées, tant pis.

 Nous nous sommes connus sur les bancs de Sces Po, vivons ensemble depuis 1983, avons eu 3 filles merveilleuses (7, 18 et 21 ans) et avons vécu heureux, avec des hauts et des bas naturellement pendant un nombre d'années que je parviens plus à calculer !

 Depuis 2007, j'avais noté qu'elle avait de plus en plus de difficultés, dans un monde devenu toujours plus dur pour tous, où les relations humaines sont progressivement mais très rapidement passées au second plan, voire davantage, avec souvent de la "violence symbolique" (lire Bourdieu) utilisées à tord et à travers, tout ce que nous éprouvons tous avec difficultés, comme la lâcheté et l'indifférence, et qui peut nous mettre à notre insu dans une situation d'impasse.

 Je ne peux qu'espérer que nos dirigeants en général cessent d'utiliser l'incertitude comme unique méthode de management et qu'ils comprennent qu'un être humain est infiniment plus précieux qu'un smartphone en panne pour lequel j'entends des appels désespérés à des hotlines, voire des injures jetées sur un malheureux bout de plastoc fabriqué à la chaine.

 Les derniers mois, elle était épuisée devant l'étanchéité de son entourage face à ses problèmes, et aurait du se mettre en arrêt maladie, éprouvant des douleurs insupportables notamment cervico brachiales et aux bras. Il lui aura fallu mener un véritable combat pour avoir accès à un PC portable qui lui a permis de ne plus avoir mal, la position ordinaire lui coinçnt un nerf sans sa carcasse tendue à l'extrème par des moments d'angoisse.

 Elle était restée au même coeff 4.2 depuis son embauche en ... 1995 !, ce qui l'affectait énormément ainsi que le fait que rien ne lui permettait de détecter une quelconque reconnaissance pour un travail auquel elle apportait toute son énergie.

 Eh bien non, elle s'est battue jusqu'à la fin, n'a jamais cédé, mais n'a non plus jamais été aidée. Elle redoutait terriblement sa recherche de nouveau job car mère d'une petite de 7 ans et de deux jeunes de 18 et 21 ans en fac, son rôle de mère était en supplément une lourde charge qui devait coincider avec le fait de se lancer "from scratch"  dans un nouveau métier.

 Elle avait opté pour un job où elle se serait sentie utile (ah, le concept d'utilité ! se sentir utile, n'est-ce pas notre but à tous ?) : aider les recruteurs à recruter, job rue de Madrid mais qui malheureusement semblait bouché pour des raisons que je ne suis pas arrivé à comprendre. Sans doute que si cette mutation avait été réussie, aidée, encouragée, en gros un peu mieux encadrée, elle se serait lancée un nouveau défi. Au lieu de cela, elle s'est sentie angoissée, ce qui aurait pu être un plaisir est devenu une charge potentielle supplémentaire dans son sac à dos.

 Une occasion perdue ...

 Je prie donc pour elle, mais c'est certain qu'elle ira directement au Paradis, ayant toujours été une femme exigeante envers elle même, comme pour son entourage (et je sais de quoi je parle), toujours à la recherche d'amour et toujours prête à en donner, et n'ayant comme défaut que sa recherche de la perfection qui l'a amenée à porter un sac à dos toujours plus lourd, que certaines personnes lui chargeaient sans même s'en rendre compte au point de la faire céder sous la charge.

 Mais je prie aussi pour que son départ ne soit pas vain, et que ce soit l'occasion pour certaines personnes de se rendre compte des conséquences à long terme de leurs prises de position, ou pire de leur refus d'en prendre pour se protéger eux-mêmes. Ils ne sont pas en cause directement, naturellement, c'est un question de biotope. Nous somems tous dans un aquarium dont on nous a changé l'eau, je veux dire qu'on nous a changé nos valeurs à notre insu : certains s'adaptent à ces nouvelles règles, certains parviennent même à les inventer, mais d'autres, je pense la majorité souffrent sans comprendre pourquoi : simplement ils continuent à utiliser leurs anciens repères et philosophie, alors que tout cela est devenu inadapté.

 Vous qui étiez ses amis, dont j'ai entendu parler plusieurs fois (je pense aux Anciens de la rue du 4 septembre notamment) vous comprenez ce que j'écris, vous en avez sans aucun doute parlé avec elle ou entre vous. Je pense même que certain(e)s ont été pour elle un soutien utile.

 Je prie donc pour un monde meilleur, où les gens fassent attention à leur voisin, à commencer par ceux qui travaillent à un mètre d'eux, pour que les personnes chargées du présent et du devenir de subordonnés qui leurs sont confiés par leur entreprise et par leur destin (on ne choisit pas ses collaborateurs) se montrent à la hauteur de leurs responsabilités, pour que manger ensemble à midi soit un plaisir, un moment d'évasion et d'échange, pour que la recherche du profit, qui reste nécessaire pour la croissance et le partage des richesses crées, ne soit pas l'unique point de mire Il faut enfin penser que 10 heures ou plus passés ensemble au travail, c'est davantage que le temps passé avec les familles, 35 heures ou non.

 Tout ceci a pour moi un horrible relent de gâchis, c'est épouvantable.

 Au moins cela aura eu pour conséquence, durable je l'espère, de souder davantage notre famille et nos amis, et nous resterons les porte parole de Véronique qui n'a pas su comment verbaliser, extérioriser tout ce qu'elle encaissait jour après jour.

 Vous me pardonnerez la longueur de ce texte et le contenu sévère, l'analyse de notre monde que vous ne partagerez peut-être pas, mais je pense qu'un minimum d'intelligence aurait certainement évité ce besoin de passage à l'acte en évitant de lui remplir son sac à dos.

 Mon message final est clair : méditez ce qui peut arriver à quelqu'un fragilisée pendant plus de 3 ou 4 ans, soyez certains que l'amour de la famille ne peut pas être tout.

 Si vous êtes chargés de personnel, passez le temps voulu avec chacun, détectez les début de souffrance au travail, parlez, allez déjeuner ensemble, soyez à l'écoute.

 Et j'exhorte les Hauts Responsable dans les entreprises, les administrations, partout, pour que le personnel soit mis au même rang que les résultats financiers dans les objectifs personnel des dirigeants.

 Cela existe (stakeholders) dans certains pays, pas encore en France, il serait temps de comprendre que l'humain est une "ressource" infiniment plus fragile que la machine la plus fragile.

 La date de la cérémonie n'est pas fixée car je n'ai pas reçu le document nécessaire de l'institut médico légal, une messe sera dite dans notr quartier, et elle sera inhumée au cimetière Montmartre dans notre caveau de famille que j'avais acheté il y a quelques années sous les sobriquets familiaux, pensant en être le premier occupant et afin de ne pas causer de désarroi au cas où je viendrais à disparaitre.

 Si vous souhaitez vous rendre à la cérémonie ou à l'inhumation, je vous remercie de me l'indiquer afin que je vous donne les informations dès que je les aurai reçues.

 La vie est parfois une putain, mais nous devons l'aimer, la faire aimer, aimer notre Prochain plus que nous mêmes, toutes ces choses qu'on a tenté de nous faire oublier pendant des années, mais qui restera pour l'éternité et partout dans le monde ce que nous, Humains, avons de plus précieux.

 Pour conclure, étant amoureux de ma femme depuis 1983, j'ai fait des milliers de photos d'elle et de notre famille. Dès que j'aurai un moment, je vous ferai parvenir un petit album souvenir daté, avec ses moments de joie pour qu'on se souvienne de ma petite femme chérie, de mon unique Amour, de celle qui m'a tout donné, de la maman de mes filles que j'aime aussi plus que tout, et qui restera gravée dans ma mémoire et certainement dans la vôtre.

 Je vous passe celle de notre dernière ballade pendant nos vacances passées ensemble avant son retour à Paris, prise par notre amour de Marianne.

 Je ne vous connais pas, je ne connais que votre nom ou votre prénom, mais je vous embrasse du fond du coeur et je vous exhorte à participer à la construction d'un monde un petit peu meilleur.

 Bien à vous,

 Richard

 Par pc.duclos.cuers

Source http://jacques.tourtaux.over-blog.com.over-blog.com/

Partager cet article
Repost0

commentaires

F
<br /> <br /> En complément du message sur le décès d'une jeune cadre. Désolée mon message a été tronqué. En clair le suicide de cette amie n'est pas lié au problème de sa société. La vérité est plus<br /> personnelle et par égard pour ses enfants je ne peux pas aller plus loin. Vous avez été victime d'un manipulateur et c'est triste qu'il ne respecte pas la mémoire de son épouse. Je lis votre<br /> journal et j'espère que désormais vous serez prudent dans vos articles.<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
C
<br /> <br /> Je ne suis pas juge sur les articles que je publie, même si l'on essaye d'être le plus crédible possible en reprenant la presse nationale en général. Je ne suis maître que des titres, et s'il se<br /> trouve que le cas avancé dans cet article ne correspond pas à la réalité, il y en a des milliers d'autres qui le sont... hélas!<br /> <br /> <br /> Amitiés<br /> <br /> <br /> Cyril LAZARO<br /> <br /> <br /> <br />
F
<br /> <br /> Bonjour,<br /> <br /> <br /> Avant de publier le texte que ce monsieur vous a transmis, avez-vous vérifié sa véracité ? Vous avez été victime d'un homme malhonnête qui a fait publier publier sur votre site des informations<br /> non fondées et qui masquent une personnalité détestable. Je trouve scandaleux de mettre sur le net une publication sur un sujet aussi grave et fortement dramatique. Une petite analyse de ce long<br /> courrier met en évidence la personnalité du rédacteur. Quelle tristesse pour ses proches. Et même si elle a eu sur la fin quelques soucis professionnels ce n'est rien par <br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
C
<br /> <br /> Désolé mais votre commentaire qui m'intéresse fortement n'est pas complet.<br /> <br /> <br /> Sur le fond, cela ne change rien à l'article. Dire que le travail n'a jamais tué personne est une provocation malvenue et que je préfère croire involontaire car nous connaissons tous des<br /> personnes mortes au travail et par respect pour leurs familles, on ne peut pas tenir de tels propos dans le cadre du prolongement de la durée des années de travail.<br /> <br /> <br /> Les petites gens ont le droit de vivre un peu et souvent mal après 60 ans. Ils l'ont bien mérité, et ce n'est pas un quelconque politique qui peut dire le contraire, lui qui vit grâce à notre<br /> argent!<br /> <br /> <br /> Amitiés<br /> <br /> <br /> Cyril LAZARO<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
T
<br /> <br /> Quel grand malheur frappe cette famille et une petite fille qui doit être en très grande souffrance.<br /> <br /> <br /> Tu liras ma réponse à ton commentaire sur mon blog concernant ce drame épouvantable et tu comprendras encore plus combien je souffre lorsque des enfants sont subitement plongés dans le malheur.<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
C
<br /> <br /> Le témoignage est extrêmement émouvant. On ne peut que s'associer à la douleur de toute cette famille.<br /> <br /> <br /> <br />

Présentation

  • : Le blog de Cyril LAZARO
  • : Le blog d'un militant syndicaliste en lutte pour plus de justice sociale à Disneyland Paris. Réflexions, revendications, humour et amitiés
  • Contact

Carte visiteurs blog

Recherche

Nombre de visiteurs

Nombre de pages vues