Un collégien de 15 ans de Clermont-Ferrand, génie de l'informatique soupçonné de s'être mis au service des pirates Anonymous pour des attaques contre des sites s'étant désolidarisés de WikiLeaks, a été démasqué par les gendarmes, mais la justice ne le considère pas comme un "hacker".
L'adolescent français, soupçonné d'avoir apporté sa contribution à des attaques - en soutien à WikiLeaks - contre des sites internet aux Etats-Unis, en Allemagne ou en Grande-Bretagne, avait été placé en garde à vue pendant quelques heures le 16 décembre, a-t-on appris à la division de lutte contre la cybercriminalité du Service technique de recherches judiciaires et de documentation (STRJD) de la gendarmerie française.
Toutefois, d'après le procureur de la République à Clermont-Ferrand, Jean-Yves Coquillat, l'adolescent arrêté dans le Puy-de-Dôme est un "gamin passionné d'informatique" mais "pas un hacker".
Le magistrat a annoncé avoir "décidé de dessaisir le STRJD de la gendarmerie nationale pour que l'enquête se poursuive par un service spécialisé", en l'occurence l'Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l'information et de la communication (OCCLTIC) de la direction centrale de la police judiciaire.
Pour M. Coquillat, ce collégien de 3e de la périphérie de Clermont-Ferrand "est un gamin qui va sur des réseaux sociaux, contacte d'autres internautes, se laisse influencer en pensant défendre la liberté, mais ce n'est pas un hacker".
"Il est révélateur de voir que ce sont souvent des jeunes qui n'ont pas conscience de commettre une infraction pénale", a expliqué le magistrat.
Une responsable du STRJD, le capitaine Karine Béguin, l'avait aussi qualifié de "petit génie de l'informatique, qui vit avec depuis neuf années, (qui) dit agir au nom de la +liberté d'expression+ et pour une +cause louable+".
La gendarmerie avait ouvert une enquête à la suite d'agressions informatiques perpétrées dans le monde par le réseau de pirates Anonymous à l'origine d'attaques contre des sites - cartes de crédit américaines Visa et MasterCard, société de paiement PayPal ou Amazon - en réponse à leur décision de bloquer les versements à WikiLeaks ou de se désengager de ce site d'informations.
Ces attaques sont des requêtes d'accès simultanées émises par un grand nombre d'ordinateurs qui visent à mettre en panne le site pris pour cible.
"En suivant les activités sur internet, nous sommes remontés à cet adolescent qui a téléchargé un logiciel pour prendre la main et gérer des serveurs manifestement utilisés par Anonymous", a précisé Karine Béguin.
"Notre enquête se poursuit afin de déterminer quels étaient ses contacts et ses liens précis avec Anonymous", a-t-elle ajouté.
En Grande-Bretagne, Scotland Yard a annoncé avoir interpellé jeudi cinq membres présumés du groupe de pirates informatiques Anonymous dans le cadre d'une enquête sur des cyber-attaques. Ces jeunes hommes âgés de 15 à 26 ans ont été libérés sous caution.
Au même moment, la police fédérale américaine (FBI) menait 40 perquisitions aux Etats-Unis visant le groupe de pirates qui a pris pour cible "d'importantes sociétés américaines dans plusieurs secteurs", selon un communiqué du FBI.
Déjà dans le Puy-de-Dôme, François Cousteix, un jeune homme de 23 ans qui se faisait surnommer "hacker-croll" avait été arrêté le 24 mars 2010 pour avoir infiltré en 2009 le réseau social Twitter, dont un compte ouvert au nom de Barack Obama. Il avait été condamné à cinq mois de prison avec sursis.
Par Rémy BELLON Source courrier-picard.fr