Bras de fer gagnant pour les « Pimkies ». Hier, les salariés de l'enseigne de prêt-à-porter, en grève depuis le 19 décembre, ont voté aux deux tiers la reprise du travail. Dans la nuit, les syndicats, CFDT en tête, avaient négocié un accord qui prévoit une indemnité supra légale de 20 000 euros par salarié et 1 000 euros par année d'ancienneté. Le plan social, qui devait se solder par 190 suppressions d'emploi, a été revu à la baisse de quinze postes. Et le paiement des deux tiers des jours de grève a été obtenu.
« L'objectif pour nous, c'est d'obtenir le moins de licenciements », a rappelé hier soir le maire de Tourcoing, Michel Delannoy (PS), lors d'une conférence de presse commune avec Pierre de Saintignon (PS), élu à la région. Selon eux, la maire de Lille, Martine Aubry (PS), serait intervenue dans les négociations. Une réunion entre politiques et direction était prévue mercredi soir, pour négocier la mobilité des salariés au sein de l'empire Mulliez.
Source 20minutes.fr
Les salariés de Pimkie ont voté hier la fin de trois semaines de conflit
jeudi 07.01.2010,
La majorité des salariés s'est ralliée au consensus accepté par la CFDT et FO devant la direction. PHOTO PATRICK JAMES.
Les nerfs qui lâchent. Hier, peu après 13 h, sur les marches de l'hôtel de ville de Wasquehal, des salariés de Pimkie avaient du mal à ravaler leurs larmes mais ils l'ont voté : ce matin, le travail reprend, après trois semaines d'une grève édifiante dans cette entreprise de la galaxie Mulliez.
>> [AUDIO] Pimkie : salariés et syndicalistes réagissent
Menée à huis clos, l'assemblée générale a été l'expression visible d'une unité qui a volé en éclats. Dans la nuit de mardi à mercredi, quatre syndicats dont FO et CDFT ont approuvé les dernières propositions de la direction, sans attendre de consulter la base le lendemain. « Nous savions que les salariés attendaient 20 000 E plus une prime de 1 000 E par année d'ancienneté, nous l'avons obtenue, insiste Maley Upravan, déléguée FO. Ces conditions semblent acceptables », mais revues à la baisse par rapport à ce qui était réclamé lundi par l'ensemble des grévistes. « On a trouvé une ouverture. On savait bien qu'après les soldes, c'était fini pour les salariés », assure pour sa part Nabyl Denfer, délégué CFDT. Éric Vandendriessche, le directeur général de Pimkie, se dit « heureux que ce conflit, dont nous mesurons ce qu'il a représenté pour les salariés concernés, puisse prendre fin grâce à un accord aussi largement partagé ».
Faisait débat, le paiement des jours de grève la solution négociée n'était pas du goût de la CGT qui croyait à une poursuite du conflit.
Au terme d'un vote à bulletins secrets, sur 109 suffrages, 71 étaient pour la reprise du travail. « Si on avait dit non, on repartait à zéro ; c'était repasser des nuits dehors. Il y aura toujours des insatisfaits. C'est malheureux d'en arriver là car au début c'était tous ensemble », résume, amère, une salariée.
Une étape
Après trois semaines de lutte, « la priorité était de mettre fin au conflit et de reprendre les négociations sur l'ensemble du plan.
Nous n'avons passé qu'une étape », rappelle la responsable de FO. « Il reste la grande bataille du nombre d'emplois à préserver. »
Une réunion du comité central d'entreprise doit justement avoir lieu aujourd'hui, en prélude à trois jours de négociations des mesures d'accompagnement, du 12 au 14 janvier. L'examen des différents volets du plan de sauvegarde de l'emploi ne sera pas achevé avant la fin février. Ce « projet de rénovation », présenté en mai, est « déterminant pour l'avenir et la pérennité de Pimkie ». Mais il pourrait se solder par la perte de 175 emplois. •
PAR MARC GROSCLAUDE
Source lavoixeco.com
Pimkie fait le piquet
Social . Près de Tourcoing, les salariées font grève depuis dix-huit jours contre les 175 licenciements prévus par la direction.
Par HAYDÉE SABERAN Envoyée spéciale Neuville-en-Ferrain
«Regardez-nous, on dirait des bohémiennes.» Elles ont des moonboots et des couvertures, autour du feu de palettes. Une vingtaine de femmes, alignées sur des chaises, Sylvie, Akassi, Roselyne, Isolina, et deux ou trois hommes, mari et collègues. Sur le piquet de grève des Pimkie (Mulliez), à Neuville-en-Ferrain (Nord), elles se battent depuis dix-huit jours. Le «plan de sauvegarde de l’emploi» prévoit 175 licenciements, sur 2 088 postes en France, mais dans le Nord, c’est «environ un salarié sur deux», estime une gréviste. Elles bloquent l’entrée des entrepôts, sur le site de Wasquehal, d’où sortent«120 à 130 000 pièces par jour», estime Isolina. Des robes, des pantalons, des bijoux, du maquillage. «En période de soldes, ça fait mal.» Les négociations ont repris hier.
Il faisait - 7 degrés la nuit précédente. «Le matin, les boissons et le lait sont gelés.» Sylvie distribue des gaufres, «un cadeau. Un monsieur qui est passé avec un thermos de thé au citron». Des gens déposent des cartons à brûler. Quand ils les ont vues à la télé, le soir du réveillon, des habitants sont venus avec du champagne. Les grévistes sont contentes de passer à la télé : «On veut que Mulliez en ait marre de nous voir, qu’il nous donne ce qu’on demande, et qu’on rentre chez nous», rigole Sylvie Dhellemmes, déléguée CGT. L’intersyndicale demande 35 000 euros d’indemnités, 2 400 par année d’ancienneté, et le paiement des jours de grève. C’est «inacceptable, ne serait-ce que pour les gens qui restent», indique dans un communiqué le patron de Pimkie, Eric Vandendriessche, qui a calculé que cela équivalait à plus de cinq ans de salaire d’un employé d’entrepôt. Selon un porte-parole, Pimkie était «tout juste à l’équilibre» en 2008, et le bénéfice en 2009 est estimé à 3 millions d’euros pour la France et 10 à l’international.
Ça n’émeut pas Sylvie, vingt ans d’ancienneté. «On connaît la fortune de la famille Mulliez, on sait qu’ils n’ont aucun souci pour financer ce qu’on demande.» Payée 1 200 euros, elle s’est déjà vu retirer 200 euros sur la paie de décembre : «On est deux à la maison à travailler chez Pimkie, ça fait 400 euros en moins.» Sa mère et sa tante font grève aussi.
Toutes ne savent pas si elles ont encore envie de travailler chez Pimkie. «Ça pourrait être l’occasion de me former, de démarrer autre chose», rêve Isolina. Elle en a marre qu’on la traite «comme à la maternelle. Et depuis l’annonce du plan social, comme tout le monde a peur d’être sur la liste, la productivité a augmenté, la sale ambiance aussi». Akassi : «Ce matin j’ai eu le coup de blues. Tu te lèves, tu viens sur le piquet. C’est pas évident.» Les négociations continuent.
Source liberation.fr