La CFDT de SeaFrance va porter plainte pour diffamation contre François Chérèque et plusieurs journaux à la suite de propos accusant ses représentants de malversations. Cette action intervient au moment où la CFDT nationale annonce la radiation de la CFDT SeaFrance, en invoquant, notamment, deux arguments très approximatifs...
Le Syndicat maritime Nord et son secrétaire, Didier Cappelle, auraient-ils attendu d'être clairement renseignés sur les reproches formulés contre eux par le bureau national de la CFDT pour riposter à leur tour ?
C'est ce que laisse supposer l'annonce faite par Didier Cappelle d'une action contre le secrétaire général de la CFDT, François Chérèque, au moment même où, dans un courrier daté du 20 janvier, le bureau national confédéral confirme avoir engagé « une procédure de radiation à l'encontre du Syndicat maritime Nord CFDT ».
Sur la foi de la presse.- Pour justifier cette action, Jean-Louis Malys, secrétaire national, explique dans son courrier que « cette décision est la conséquence de l'accumulation de dysfonctionnements, de faits et d'événements, dont certains, judiciaires, ont été largement commentés par la presse ». Cette impression avait déjà été formulée par François Chérèque lui-même qui, en expliquant avoir « un peu honte du comportement pas honorable de ces militants », expliquait voici quinze jours que « les révélations dans la presse et les langues qui se délient à Calais font qu'on est au-delà de la présomption d'innocence ».
Liquidation et responsabilités.- Plus concrètement, si une procédure de radiation a été engagée contre le Syndicat maritime Nord, et donc la CFDT SeaFrance, c'est d'abord que le refus de dialoguer avec un repreneur possible de SeaFrance a été interprété comme un entêtement coupable. Il s'agit d'une « attitude qui laisse à penser que la préservation des intérêts particuliers a fortement influencé la stratégie syndicale refusant d'examiner toutes les hypothèses permettant de sauver un maximum d'emplois des salariés de SeaFrance ». En somme, « la liquidation judiciaire avec cessation d'activité de SeaFrance a été prononcée » et, « malheureusement, les responsables du Syndicat maritime Nord CFDT portent une lourde responsabilité dans cette situation (...) ».
Accusations imprécises.- Mais parmi les éléments « graves et cumulés » qui aboutissent à la radiation du Syndicat maritime Nord et la CFDT SeaFrance, s'ajoute selon Jean-Louis Malys une série de reproches et des « condamnations judiciaires prononcées à l'encontre de responsables du syndicat », parmi lesquelles « plusieurs ont été mises en exergue dans les médias ».
Jean-Louis Malys relève ainsi « le refus sanctionné par la justice des élus CFDT de communiquer les comptes du comité d'établissement », ce qui n'est pas exact, selon Éric Vercoutre, secrétaire du CE (lire page 11).
D'autre part, Jean-Louis Malys écrit qu'« à ces condamnations s'ajoute l'enquête judiciaire en cours pour vols en bande organisée mettant en cause des responsables syndicaux de SeaFrance ».
Cette formulation établit ainsi un lien direct entre les vols sur lesquels une enquête est toujours en cours et des responsables syndicaux dont les comptes ont été épluchés, sans qu'ils aient été mis en examen... Ainsi, est une nouvelle fois accréditée l'idée que les leaders de la CFDT seraient associés ou complices de pratiques délictueuses. D'où une plainte en diffamation. « Maintenant, celui qui s'amusera à calomnier encore, c'est direction la correctionnelle », assure l'avocat de la CFDT SeaFrance.
PAR PASCAL MARTINACHE Source lavoixdunord.fr